Que mon peuple persiste et demeure dans la foi
Ainsi parla Henri II juste avant de décéder… mais pourquoi est-il mort ?
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
C'est la fête à Paris ; le roi de France Henri II organise une grande fête pour célébrer deux mariages : sa sœur avec le duc de Savoie, et sa fille avec Philippe II d'Espagne (nous aurons l'occasion de reparler de cette seconde union dans un prochain article).
Il fait très chaud en cet après midi de juillet 1559, mais le tournoi prévu est confirmé : le roi en grande forme y affronte victorieusement le duc de Nemours, puis celui de Guise.
« Jamais deux sans trois », dit-on : le roi veut donc un troisième duel, même si Catherine de Médicis, sa femme, s'y oppose farouchement (la légende raconte qu'elle aurait rêvé que le roi se blessait grièvement lors du tournoi).
Le roi affrontera donc Gabriel de Montgomery, capitaine de la Garde Écossaise. Les chevaux s'élancent, la reine ferme les yeux… et ne voit pas le roi qui vacille, manquant de tomber ! Quel affront ! Furieux, le roi exige une seconde passe. Tout le monde se remet en place, tout le monde retient son souffle. Une nouvelle fois, les chevaux s'élancent ; la lance de Montgomery frappe l'écu du roi, remonte, pénètre la visière du casque et lui transperce l'oeil.
Le roi est ramené dans ses appartements, et son médecin officiel, un certain Ambroise Paré, appelé à son chevet. N'ayant jamais extrait de bouts de lance d'un oeil humain – l'école de médecine ne devait pas être très performante, à l'époque –, il demande en toute simplicité de s'entraîner. Ce qui ne pose pas de problème : on décapite promptement quelques condamnés à mort, on leur plante un bout de bois… et le grand Paré peut s'exercer. Malgré ces travaux pratiques, le roi décède après dix jours de souffrance, laissant derrière lui une citation : Que mon peuple persiste et demeure dans la foi
(1). À la suite de ce funeste tournoi, la reine Catherine fait interdire les tournois dans tout l'empire de France : ils n'y seront jamais réintroduits.
La mort d'Henri II fera les choux gras des partisans de Nostradamus, lequel avait prédit treize années plus tôt de façon très « claire » :
Le lion jeune le vieux surmontera
En champ bellique par singulier duelle,
Dans cage d'or les yeux lui crèvera,
Deux classes une puis mourir mort cruelle.
- (1) ↑ Citation fort à propos d'ailleurs, puisque trois ans plus tard le pays sera déchiré par les guerres de Religion.