La crucifixion du Christ

Nous allons aujourd'hui relever un petit détail d'un supplice fort peu recommandable : le crucifiement(1).

La quasi-totalité des images nous montrent un Christ en croix, les clous plantés bien « proprement » au milieu de la paume – un imaginaire directement issu du Moyen Âge.

Pourtant, les condamnés n'étaient pas attachés ainsi à la croix : en effet, l'angle que fait le bras avec la croix force chaque clou à supporter non pas une moitié de masse humaine, mais une masse humaine complète. Et la chair tendre des paumes ne suffit pas à maintenir une telle masse : elle se déchire jusqu'à la commissure. Le condamné tombe alors, ce qui n'est pas forcément l'effet recherché !

L'espace de Destot

Alors, faut-il jeter toutes ces images ? Non : en fait, il suffit de décaler très légèrement le clou pour le planter dans l'espace de Destot (en bleu sur l'image). Cette zone, entourée d'os, peut supporter plusieurs masses humaines comme le prouvent certaines expériences macabres, et un bourreau expérimenté peut la localiser en quelques secondes.

Ultime raffinement : comme le montre l'image, le clou provoque une lésion du nerf médian (en jaune). Conséquence : le pouce se ramène automatiquement vers la paume(2). Malheureusement, la partie sensitive du nerf reste active : le supplicié ressentait donc une douleur fulgurante névralgique dans la main, le poignet et l'avant-bras. Pour avoir une idée, c'est la même douleur que la roulette du dentiste sur la pulpe dentaire – sans anesthésie, bien sûr.
La découverte d'un squelette de crucifié du Ie siècle vient confirmer cette théorie, apportant si besoin était la preuve que dans l'art de faire du mal à son prochain, l'homme n'a besoin de leçons de personne.


  1. (1) Le terme crucifixion étant réservé pour le supplice de Jésus de Nazareth, nous utiliserons donc le terme moins connu de crucifiement désignant le châtiment en général, tel qu'il fut infligé aux révoltés de Spartacus ou aux Chrétiens sous Néron.
  2. (2) Un argument utilisé pour justifier le fait que le Saint Suaire a bien contenu un crucifié, puisque seuls quatre doigts sont imprimés, le pouce étant replié ; détail inconnu des artistes du Moyen Âge.