Voilà mon cou, voilà ma tête ; je mourrai, mais je mourrai pape !

— Boniface VIII

Telles sont les paroles qu'aurait prononcées le pape Boniface VIII à Guillaume Nogaret, envoyé du roi de France Philippe le Bel, venu lui demander d'abdiquer.

Benedetto Cætani devient cardinal en 1281. À la suite de l'abdication de Célestin V, il est élu pape en 1294 sous le nom de Boniface VIII. Très intransigeant, il affirme haut et fort la suprématie du pouvoir spirituel – qu'il incarne – sur le pouvoir temporel, représenté par les pouvoirs nationaux. Des conflits éclatent alors entre la papauté d'une part, et l'empereur et le roi de France d'autre part.

Afin d'affirmer son pouvoir et d'interdire la mise en place d'impôts extraordinaires sur le clergé, Boniface VIII lance différents bulles : Clericis Laicos en 1296, Ausculta, Fili en 1301, et enfin Unam Sanctam le 18 novembre 1302. Dans cette dernière bulle, le pape reprend la théorie des « deux glaives », le spirituel et le temporel, en affirmant que le second doit être soumis au premier. Boniface VIII ajoute encore que « pour toute créature humaine, il est de nécessité de salut d'être soumise au souverain pontife », les Rois y compris, sous peine d'excommunication.

Philippe le Bel réplique en essayant de faire déposer le pape par un concile général. Il envoie ensuite en Italie son chancelier et garde des sceaux, le légiste Guillaume de Nogaret, pour pousser le pontife à abdiquer.

Avec 600 cavaliers, 1 000 fantassins et l'aide des Colonna, ennemis du pape, Guillaume de Nogaret arrive à Anagni le 7 septembre 1303. Dans le Palais Cætani où Boniface VIII demeure, l'envoyé du roi de France somme le pontife de le suivre à Lyon devant le concile général. Devant le refus du pape d'obtempérer, Sciarra Colonna l'aurait souffleté de son gantelet de fer. À terre, Boniface VIII se serait écrié : Voilà mon cou, voilà ma tête ; je mourrai, mais je mourrai pape, tout en traitant Guillaume de Nogaret de fils de Cathare.

Cet attentat d'Anagni plonge Boniface VIII dans la folie. Délivré par des cavaliers romains et ramené à Rome pleurant comme un enfant, il meurt un mois plus tard en refusant les derniers sacrements.

Cet épisode montre l'échec du pouvoir spirituel face au pouvoir temporel et est à l'origine du déplacement de la papauté en Avignon à partir de 1309.