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Je vous avais laissé dérivant délirant sur un radeau, les reins aussi salés qu'un paquet de Pringles.
Mais votre infortune touche à sa fin : les courants vous déposent sur une île paradisiaque (et abandonnée, faut-il le préciser ? (1)) tapissée de sable fin. Succombant à la traditionnelle « sieste post-naufrage » imposée par votre contrat hollywoodien, le réveil est sonné en fanfare et gargouillis par votre estomac délaissé.

La perspective de manger du sable n'ayant qu'un attrait très limité, il faut vous tourner vers des aliments plus comestibles. En homme viril, vous bavez à l'idée d'un bon steak… stop ! Autant vous arrêter tout de suite, c'est une mauvaise idée. D'abord, parce que la probabilité de trouver un troupeau de vaches à viande sur cette île déserte est faible (mais moins faible que la probabilité de trouver une cargaison de Corned Beef échouée sur le rivage depuis moins d'une semaine), ensuite parce que vous n'avez pas de moyen de le faire cuire, n'ayant amené avec vous ni briquet, ni allumette, ni article « comment faire du feu ». Or l'estomac humain a évolué sur ces derniers milliers d'années : puisque nous apprécions la viande cuite, notre intestin a jugé que les recettes de grand-grand-grand-grand mère du type « comment digérer la viande crue » étaient obsolètes. Autrement dit : si vous mangez votre gibier cru, ledit estomac ne répond plus de rien. Les effets secondaires vont de la diarrhée chronique à la mort, en passant par des douleurs gastriques qui vous feront regretter de n'être pas décédé déshydraté quelques jours plus tôt. Bref, rien de bien réjouissant… la faute aux bactéries, qui disparaissent normalement à la cuisson de la viande(2) et qui se feront une super partie fine dans votre petit chez vous si vous les ingérez telles quelles.

Cela dit, ne faites pas une croix sur votre régime carnivore : vous pouvez manger du poisson de mer à la méthode Gollum (comprendre : cru et fffffrétillant). En effet, en milieu salé, les bactéries subissent exactement le même phénomène que vous dans l'article précédent : l'osmose tend à égaliser la concentration en eau salée côté océan et côté « interne » de la bactérie, entraînant sa mort par déshydratation.

En résumé : le gibier, cuit. Le poisson de mer, cru (ou cuit si vous préférez, c'est une histoire de goût). On a fait le tour ?
Hé non ! Il reste une source méconnue d'alimentation : les insectes ! Pourquoi ne pas savourer quelques termites gorgées de protéines ? Ou des vers, délicieux cuits et visqueux crus. L'entomophagie est un mode d'alimentation standard dans de nombreux pays !
Mais comment distinguer les insectes comestibles de ceux qui ne le sont pas ? Effectivement, ces petits animaux n'ont pas la bienséance de porter une date limite de consommation et une liste d'ingrédients potentiellement dangereux/allergènes inclus « dans le paquet ». Quelques conseils de bon sens s'appliquent ; même si de nombreuses exceptions existent, mieux vaut minimiser les risques.
Donc :

  • pas d'insectes bariolés, la couleur étant trop souvent une façon de dire « mange-moi si tu peux » à l'affamé (vous connaissez les grenouilles dendrobates ? les insectes sont pareils, quels farceurs) ;
  • pas d'insectes poilus (chenilles processionnaires) ;
  • pas d'insectes qui piquent/mordent (araignées)
  • pas d'insectes connus pour être des vecteurs de maladie (tiques, mouches et moustiques).

Cela dit, une fois cuits, la plupart des insectes sont comestibles : par exemple, les scarabées crus contiennent des parasites qui disparaissent à la chaleur. En plus, la cuisson améliore le goût ! Si vous êtes gourmet (et minutieux), vous pouvez ôter pattes et têtes qui ont peu de valeur nutritionnelle et gâchent le goût. Le conseil du chef ? Les abeilles cuites sont très goûtues !

Dans le prochain article, nous tenterons de respecter les conseils du gouvernement et de varier notre alimentation avec cinq fruits et légumes par jour.


  1. (1) Quand le destin tient un tel client, il ne le lâche pas !
  2. (2) Elles ne peuvent plus se reproduire au-delà de 65 ℃.

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