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Échoué sur votre île déserte, vous savez dorénavant comment consommer votre apport journalier de protéines : viandes rouges, poissons et insectes.
N'oubliez pas cependant que vous êtes omnivore, autrement dit carnivore et herbivore. Même si certains frémissent à l'idée de manger une salade, il va falloir vous y faire : les plantes vertes sont vos meilleurs amies pour la survie. Et pourtant… comment savoir lesquelles sont comestibles ? Rien que dans un jardin urbain, de nombreuses plantes sont toxiques, alors imaginez dans une forêt vierge ! Comment savoir ce que l'on peut consommer sans risque ?
La méthode traditionnelle est simple : mangez. Si vous êtes encore en vie quelques heures après et que vous ne vous roulez pas sur le dos en hurlant des phrases que la morale m'empêche de recopier ici, félicitations ; cette plante est comestible. Sinon… c'est moche ce qui vous arrive !

Quelques règles un peu moins empiriques. Tout d'abord, l'évidence :

  • pas de champignons. Certains sont certes bons, mais ceux qui sont mauvais le sont vraiment… le jeu n'en vaut tout simplement pas la chandelle ;
  • rien qui ait une odeur d'amande ; à moins que vous ne souhaitiez vous suicider et en finir avec ces tracas alimentaires (cyanure).
  • rien qui ressemble à du persil ou une tête de carotte (ciguë).
  • rien qui ait trois feuilles (chêne, lierre) ;
  • pas de plantes aux fruits jaunes ou blancs. Les graines de ricin ont une dose létale de… trois graines.
  • les fruits rouges ne sont pas forcément à rejeter, certains sont comestibles mais la majorité ne l'est pas (ifs, houx…). Donc, seulement en cas de nécessité extrême.
  • plus généralement, rien de ce qui pousse dans l'eau stagnante, est pourri ou tout simplement dégoûtant rien qu'à regarder. Ici, l'habit peut faire le moine.
  • pensez aussi à ne pas sélectionner un végétal peu représenté : à quoi bon savoir qu'une plante est comestible si on n'en trouve qu'un pied sur l'île ?

Une fois ces critères de bon sens appliqués, les avis divergent. Certains préconisent d'observer ce que mange la faune locale, d'autres recommandent le « test universel de comestibilité » (TUC(1)).
Le TUC est très simple et rigoureux :

  1. jeûner pendant huit heures pour avoir un estomac vide et s'assurer que le test va bien s'appliquer sur le végétal testé, et pas sur un précédent repas. Un naufrage n'est pas un prétexte suffisant pour abandonner toute rigueur scientifique.
  2. sélectionner une partie d'une plante (certaines fois, les racines sont comestibles et pas les feuilles, d'autres fois les fruits le sont, etc.) à tester. Vérifiez l'absence d'insectes, qui signifient souvent que la plante est pourrie.
  3. mettre en contact avec la peau la partie sélectionnée, par exemple au creux du coude. L'idée ? Si c'est mauvais pour votre peau, ce sera mauvais pour votre estomac. Pour cela, broyer en morceau la plante et la masser pendant quinze minutes ; en cas de réaction (sensation de brûlure, rougeurs, boutons…), passer à une autre partie de la plante / une autre plante.
  4. embrasser la nourriture en la maintenant sur les lèvres pendant quelques minutes. En cas de réactions, tout annuler.
  5. goûter en maintenant (sans mâcher) la partie testée sur la langue pour quinze minutes.
  6. mâcher la portion goûtée précédemment, aussi pendant quinze minutes. Ne surtout pas avaler ! Et penser à se rincer la bouche à l'eau claire en cas de réaction…
  7. avaler la bouillie ; c'est le grand saut dans l'inconnu ! Attendre huit heures pour la présence d'effets, vous pouvez boire mais ne mangez rien d'autre afin de ne pas fausser le test. En cas de souci, se faire vomir, boire abondamment et consulter immédiatement un médecin en lui présentant l'emballage. Ah non, il n'y a pas de médecin et pas d'emballage ?

Vous êtes bien portant ? Félicitations, nous pouvons en déduire que cette partie de la plante est comestible… ou en tout cas, qu'elle n'est pas nocive ! Si vous crachez du sang… quel dommage ! Vous ne pourrez même pas nourrir un prochain naufragé.


  1. (1) Toute publicité avec une marque de gâteau existante est purement fortuite.