L'alphabet comporte vingt-six lettres et vous le savez, mais souvenez-vous quand vous avez appris à lire et à écrire : vous avez dû en mémoriser cinquante-deux différentes – vingt-six en minuscules et autant en majuscules. Pourquoi cette complication ? Par souci d'esthétisme, pour enjoliver les ouvrages ? Eh bien non, tout simplement par économie.

À l'époque du latin, nos quelques ancêtres qui savaient écrire le faisaient uniquement en lettres majuscules. En réalité, ils n'écrivaient pas au sens strict : ils gravaient les mots sur de la pierre ou du bois, à l'aide d'un burin ou d'un ciseau.

Ce n'est que plus tard que l'Homme a appris à écrire sur du papyrus ; ou mieux, du vélin(1).
Or le papyrus était rare et le vélin très cher.
C'est pourquoi, sous Charlemagne, des moines bénédictins se sont attachés à modifier leurs écritures pour la concentrer, en dessinant de nouvelles formes de lettres, plus petites. Ainsi, les copies des textes latins qu'ils réalisaient occupaient moins de surface : d'où de substantielles économies de papyrus ou de vélin.

La pratique de l'écriture en minuscules s'est rapidement transmise, et l'invention de l'imprimerie l'a consacrée.


  1. (1) Le vélin est un parchemin de grande qualité préparé à partir de la peau de veau mort-né.