Aujourd'hui encore, le terme de « Chambre introuvable » est utilisé pour désigner une chambre basse, ou même un parlement, où les partisans du gouvernement ont une majorité écrasante, se montrant parfois même plus extrémiste dans ses choix que le gouvernement.

Mais d'où vient cette expression ?

Elle est issue de la bouche de Louis XVIII, qui annonça à propos de la première Chambre des députes élue : « C'est une Chambre introuvable ». En effet, après le départ de Napoléon I, les premières élections législatives ont lieu le 14 et 28 août 1815. Le suffrage censitaire pousse la noblesse et la bourgeoisie à élire des députés qu'ils pensent être les défenseurs de la France, de la Restauration et de leurs intérêts. Louis XVIII signifie par cette expression que, même en nommant lui-même ses membres, il n'aurait trouvé une chambre aussi royaliste. Ainsi, sur les 400 députés de la Chambre, ce sont 350 ultraroyalistes qui sont élus.

Rapidement, cette chambre « plus royaliste que le roi » devint non-maîtrisable. Son fanatisme, son cléricalisme et son attitude liberticide embarrassent Louis XVIII et son gouvernement, mené par le duc de Richelieu(1). En effet, Louis XVIII souhaite une réconciliation nationale, pour régler les problèmes économiques et sociaux. Cette période est tellement caractérisée par ses excès qu'elle fut nommée plus tard « Terreur blanche ».

Les députés votèrent diverses lois : une loi restreignant les libertés de presse et d'opinion (et permettant l'usage de la peine de mort), une loi rétablissant les cours prévôtales(2), une loi autorisant la détention de suspects potentiels ou encore une loi introduisant la célébration des royalistes pendant la Révolution et les régimes bonapartistes. Les députés envisagent également de supprimer le divorce ou encore la liberté de culte, en rétablissant avec cela les conversions forcées pour les protestants.

Devenue totalement ingouvernable, la Chambre s'opposa au gouvernement et au roi dans le but d'établir un régime plus parlementaire, leur permettant de continuer leur politique réactionnaire et répressive. Lâchée par l'opinion publique inquiétée par leurs excès, et exacerbant le cabinet du roi, le duc de Richelieu fit clore les sessions le 29 avril 1816 pour une durée indéterminée. Après avoir hésité, Louis XVIII décida de dissoudre par décret l'assemblée le 5 septembre. C'est la fin de la Terreur Blanche.


  1. (1) Oui, il s'agit bien d'un descendant (très lointain, certes) du célèbre cardinal de Richelieu, ministre principal de Louis XIII.
  2. (2) Il s'agit d'une cours composée de magistrats civils dirigés par des militaires pouvant juger toute personne responsable d'acte « séditieux envers le Roi ». Globalement, il s'agissait d'une justice expéditive, sans possibilité de faire appel, et exécutant les sentences sous vingt-quatre heures.