La richesse du carrefour des mondes : Constantinople
Petite histoire de la ville de Constantinople.
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
Quel est le rapport alphanumérique entre la Corne d'Or, le Bosphore et la mer de Marmara ?
Réponse : 41° OO' 44'' N, 28° 58' 34'' E.
Soit les coordonnées de l'actuelle Istanbul.
Dans l'article précédent, nous avons découvert quelles richesses historiques la ville de Byzance avait apporté à l'Europe. Nous nous étions interrompus avec l'arrivée d'un Empereur romain, dénommé sobrement Flavius Valerius Aurelius Constantinus – appelons-le Constantin, d'accord ?
Celui-ci, premier Empereur Romain proclamé chrétien choisit de suivre l'exemple de ses prédécesseurs ; Rome n'est plus dans Rome depuis longtemps, autant choisir une autre Rome à la hauteur du titre donné à Constantin(1). Et pourquoi ne pas prendre une ville que se rapprocherait au mieux de la géographie de la grande Rome elle-même ?
7 collines, 14 zones urbaines, les infrastructures et monuments romains tels que le Capitole, le Sénat, le forum, le cirque(2), le palais impérial plus tard et Constantinople voit le jour. Plutôt, Byzance s'efface au profit d'une nouvelle identité : la ville de Constantin. Nous sommes en 324, Cesar Constantin va mourir dans treize ans mais il va enrichir encore un peu l'histoire de sa ville(3) avant d'en arriver là.
L'Empereur prodigue favorise l'implantation politique et économique de sa ville, il y a installé son Palais, a choisi une position militaire privilégiée – pointe de terre légèrement surélevée, la ville est quasiment inexpugnable. Constantin favorise d'autant l'implantation en distribuant le pain gratuitement aux nouveaux propriétaires et, de par les injections financières de l'Empire, enrichit encore un peu plus sa ville adorée.
Après sa mort la ville n'est pas laissée à l'abandon. L'afflux de nouveaux habitants oblige même les empereurs résidents lui succédant à agrandir les murs(4). En 447 un tremblement de terre traumatise la ville qui s'en remettra vite, mais une bonne partie des remparts levés par Théodose II environ 33 ans plus tôt est détruite. Constantinople tient bon, elle a survécu à la fin de l'Empire Romain, elle peut bien tenir face à une petite catastrophe naturelle !
D'ailleurs la ville va survivre face à plus de cinq siècles d'instabilité politique. Les contrées voisines, les guerres intestines au double empire romain, les tentatives d'invasion… La Nouvelle Rome va rester elle-même, comme Byzance en son temps, avant d'être surprise par une attaque inattendue. C'est la terriblement fameuse Quatrième Croisade des Vénitiens qui va voir la chute de Constantinople aux mains de ces derniers, initialement amenés à conquérir la Terre Sainte et finalement employés pour étendre un territoire et aboutir à un nouvel empire latin en 1204(5).
Constantinople est alors détruite et humiliée. Une attaque de l'Empire de Nicée, dès 1261(6), achève de la mettre à terre. La ville, autrefois magnifique, n'est plus que l'ombre d'elle-même. Brisée, ruinée et physiquement détruite, la ville de Constantin ne tente même pas les turcs qui attendent d'avoir conquis toute l'Asie Mineure avant de la cerner. Jusque là, Constantinople est restée romaine, bien que l'empire romain n'en porte plus que le nom au vu de sa division. C'est un Constantin qui a fait naître la ville, c'est un Constantin qui la verra mourir. Le 29 mai 1453, le onzième porteur du nom meurt sur les remparts de la ville en résistant à une attaque de l'ottoman Mehmet II. La Renaissance voit arriver une nouvelle ère pour celle qui fut Byzance.
Il ne serait pas honnête toutefois de prétendre que les turcs ne prirent pas soin de la ville. Pendant toute la durée de leur règne, ils ne cessèrent de raviver la flamme éteinte de Constantinople ; travaux de rénovations, de modernisation et d'embellissements, malgré les guéguerres entre sultans et descendants, la ville se para pendant la Renaissance de ses plus beaux atours afin de rester la cité dorée qu'elle a toujours été. Elle resta par ailleurs le siège du pouvoir durant presque 500 ans de plus. Rares sont les villes pouvant se targuer d'avoir été capitales de tant d'empires glorieux et d'avoir conservé ce statut durant un millénaire. Byzance-Constantinople le peut, elle.
Mais la fondation d'une nouvelle République voit disparaître Constantinople et en 1930 il n'est plus d'actualité d'évoquer la ville de Constantin ou la Nouvelle Rome, encore moins Byzance lorsqu'on intègre les murs de cette célèbre cité…
- (1) ↑ Des titres en réalité. Florilège : Empereur César Constantin, chef des Germains, chef des Arabes, chef des Perses, …
- (2) ↑ Devenu Hippodrome car principalement y ont lieu des courses de chevaux.
- (3) ↑ Konstantinoupolis, la ville de Constantin.
- (4) ↑ On passerait de 100 000 habitants à 500 000 et de 700 hectares à plus de 1 400 en quelques décennies selon les sources !
- (5) ↑ Je laisse le soin à mon collègue porté vers la violence des Croisades de narrer ces péripéties plus en détail.
- (6) ↑ Après des années de règne des Templiers.