La fête des Lumières : les lumignons du 8 décembre à Lyon
Pourquoi Lyon s'illumine-t-elle chaque 8 décembre ?
Tout fidèle lecteur omnilogiste se devrait de venir faire une petite visite dans la capitale… des Gaules, c'est à dire la belle ville de Lyon(1) un soir du 8 décembre, pour cette soirée dite « des illuminations ».
Il verra alors la ville parée de tous ces feux, illuminée de toutes parts. Des lumignons, bougies placées dans des verres colorés, sont placées sur les rebords des fenêtres dès la nuit tombée, moult monuments publics sont illuminés, nombre de festivités se déroulent dans les rues et sur les places publiques, où déambulent plusieurs centaines de milliers de visiteurs… Voitures interdites !
Et comme par définition, l'omnilogiste est curieux, il cherchera à connaître l'origine de ces festivités bizarrement placées en hiver. Comme bien souvent, il devra commencer à « tordre le cou » aux fausses idées qui circulent souvent pour en arriver à l'explication réelle.
Première légende : la peste.
En 1643, alors que la Peste ravage l'Europe et commence de décimer « les gônes »(2) sans traitement connu, les Échevins de Lyon, à la tête desquels se trouve Alexandre Mascary, placent la ville de Lyon sous la protection de la Vierge Marie, par l'intermédiaire de l'Archevêque, s'engageant en échange à monter en pèlerinage à la Basilique de Fourvière tous les 8 septembre, jour de fête de la Nativité de la Vierge, pour y remettre un écu au clergé : toutes les fêtes de la nativité de Notre Dame qui est le huitième jour de septembre, sans robe, néanmoins avec leurs habits habituels, en la chapelle de Fourvière pour ouïr la messe, y faire les prières et les dévotions à la dite Vierge et lui offrir en forme d'hommage et reconnaissance, la quantité de sept livres de cire blanche en cierges et flambeaux et un écu d'or au soleil… et ce pour la disposer à recevoir en sa protection particulière la ville de Lyon…
(3). Et la peste n'atteindra pas Lyon…
Mais nulle trace d'illumination des fenêtres à cette occasion, alors que c'est bien la rumeur la plus insistante qui court…
C'est donc ce Vœu des Échevins du 8 septembre qui sera confondu dans la mémoire collective avec les « Illuminations ».
Seconde légende : le choléra.
En 1832, c'est maintenant le choléra qui menace la ville ; des pèlerinages sont là encore organisés, menant à Fourvière, implorant la protection de Notre-Dame de Fourvière. Et le choléra s'éloigne… (4).
Troisième légende : la guerre avec les Prussiens.
En 1870, les Prussiens arrivent sur Lyon, par le nord et par l'est. Et de nouveau on a recours à la protection de Marie. Monseigneur Ginoulhiac, alors évêque de la ville parle au nom des Lyonnais : une Basilique sera édifiée à la place de la petite église, si Lyon échappe à la fureur des Allemands
. Les Prussiens cessent leur progression ; Lyon est épargnée.
Voilà, encore un mythe lié à un vœu… mais la Fête des Lumières précède de 20 ans ce second vœu des Lyonnais.
La Véritable Histoire du 8 décembre !
Les années passent et les pèlerins sont toujours plus nombreux. La Basilique a remplacée l'ancienne chapelle. Elle est construite deux ans avant sa voisine, « la tour métallique de Fourvière ».
Le 8 septembre 1852, la restauration du clocher terminée, ce dernier va être coiffé d'une magnifique statue de Marie en bronze doré.
Mais les éléments naturels ne l'entendent pas ainsi : quelques jours avant, la ville se retrouve sous des torrents d'eau, la Saône déborde et l'atelier du fondeur est inondé. L'installation doit être reportée, et tout naturellement, c'est la date du 8 décembre qui est choisie, fête qui deviendra deux ans plus tard, en 1854, par une Bulle du pape Pie IX Ineffabilis Deus la fête de l'Immaculée Conception.
Bis repetita, ce jour là, des orages terribles éclatent et de nouveau la Saône menace. Les officiels décident de repousser de nouveau la cérémonie.
En fin de journée, retournement de situation : le ciel se fait clément.
Spontanément, les lyonnais installent sur leur fenêtre, lumignons, bougies, lampes à huile, bougeoirs…
Tout à coup apparaissent à quelques fenêtres inconnues des lignes de feu… La ville s'était embrasée en un instant. Bientôt, il ne restait plus, sur la vaste étendue des quais, des rues, des passages ignorés et des cours invisibles, aucune fenêtre obscure. Les petits marchands, les clochers, illuminaient leurs baraques, leurs voitures et jusqu'aux bordures des trottoirs… Quelques feux de Bengale s'allumèrent sur les toits de la chapelle de Fourvière, la statue de la Vierge apparaît et la grosse cloche de Saint Jean, cet éloquent interprète des joies publiques, est lancée à toute volée. À huit heures, la population entière était dans la rue, circulant, paisible, joyeuse et attendrie. On se serrait la main sans se connaître, on chantait des cantiques, on applaudissait, on criait : « Vive Marie ! » Les étrangers n'en revenaient pas de leur surprise, et les Lyonnais, tout remplis qu'ils étaient de cette fête improvisée, se demandaient comment, en un instant, une population de trois cent mille âmes avait pu être saisie de la même pensée.
Ainsi est née la tradition.
Au fil du temps, ce geste spontané de Foi s'est mêlé au patrimoine laïc, produisant ces magnifiques illuminations.
- (1) ↑ Appréciez l'objectivité de l'auteur !
- (2) ↑ Jeunes lyonnais.
- (3) ↑ Tradition qui perdure au fil des ans, même si les divers maires ont pu être radicaux, socialistes et souvent franc-maçons ! et petites économies obligent, c'est le même écu qui est remis chaque année.
- (4) ↑ Un tableau est placé en la basilique à titre de remerciements.