Que ce soit lors d'actes officiels français ou de victoire sportives(1), chaque Français a nécessairement entendu au moins une fois ce chant qu'est l'hymne national, j'ai bien évidemment nommé la Marseillaise.
Contrairement à ce que son nom pourrait indiquer, la Marseillaise n'est en aucun cas issue de Marseille – ni n'en fait mention, d'ailleurs. Non, elle est issue d'un natif de Lons-le-Saonier, en Franche-Comté : Claude Rouget de Lisle, alors capitaine du génie en garnison à Strasbourg et poète de son état. Et, pour ne rien arranger, le titre originel est Chant de guerre pour les soldats de l'armée du Rhin, ce qui explique par ailleurs le côté quelque peu sanguinaire des paroles.

Allons bon… Mais alors, pourquoi avoir modifié le titre ? Pour répondre à cette question si pertinente que vous venez tous de me poser, (et je vous en félicite !), étudions le contexte de l'année 1792, année de la composition du chant(2) : la Révolution française bat son plein, et le gouvernement révolutionnaire doit faire face à une coalition austro-anglo-germanique, qui est en guerre avec la France. En conséquence, des corps d'armées sont levés en grande quantité et un capitaine compose, suite à la demande du maire de Strasbourg, un chant destiné à encourager les soldats de la région, en première ligne des combats.
Tout cela est bien beau, mais quid de la modification du titre, me direz-vous ? Tout d'abord, merci à vous de me poser toutes ces questions(3) ! En fait, le chant n'a été popularisé « qu'en » juillet 1792, lorsque les fédérés marseillais, en franchissant les portes de Paris comme étape avant de se rendre sur le champ de bataille, l'ont entonné. Le succès est fantastique, le chant est ensuite renommé hymne des Marseillais puis Marseillaise.

<em>Rouget de l'Isle chantant « La Marseillaise »</em>, tableau d'Isidore Pills
Rouget de l'Isle chantant « La Marseillaise », tableau d'Isidore Pills

Ainsi, après la victoire de Valmy (20 septembre 1792) qui va conduire à la République française, le général Kellerman se voit refuser par le Ministre de la Guerre le droit de faire chanter le Te Deum (traditionnellement, le chant donné par les vainqueurs de la bataille) pour jouer à la place la Marseillaise : La mode des Te Deum est passée, il faut y substituer quelque chose de plus utile et de plus conforme à l'esprit public. Je vous autorise donc, général, si vous croyez avoir besoin d'autorisation, à faire chanter solennellement, et avec la même pompe que vous auriez mise au Te Deum l'Hymne des Marseillais que je joins ici à cet effet. , écrit ce dernier.

Finalement, le 26 messidor an III (14 juillet 1795), la Convention Nationale déclare le chant Chant National. Il sera destitué de cette place sous le Premier Empire, puis ré-instauré sous la Troisième République.

Allons ! enfants de la patri-i-e,
Le jour de gloire eeest arri-vé !


  1. (1) Sauf au football, où vous remarquerez qu'ils prennent soin de le jouer avant le match…
  2. (2) Plus précisément, il a été composé le 25 avril 1792.
  3. (3) Car sans ces questions, cet omnilogisme n'aurait pas lieu d'exister, ne servant à rien. En somme, cet article existe uniquement parce qu'il répond à des questions qu'il a lui-même posées, suite à sa lecture. Donc cet article existe uniquement parce qu'il existe, mais il aurait tout aussi bien pu ne pas exister pour la simple raison qu'il n'aurait alors pas existé. Limpide, n'est-ce pas ?