Idaho Falls, Idaho, 3 janvier 1961, 21h01 (heure locale).

Un signal d'alerte retentit chez les pompiers et dans une agence de l'AEC, pointant vers un très petit réacteur nucléaire expérimental. Ce réacteur isolé devait être remis en fonctionnement le jour même après une période de maintenance, motivée par le fait que les barres de contrôle avaient tendance à se coincer.
Les hommes alertés sautent dans un véhicule et arrivent dix minutes plus tard. Rien d'anormal vu de l'extérieur, les lampes sont allumées dans le bâtiment. L'un d'entre eux entre, et bat très vite en retraite : il a beau avoir enfilé un vêtement de protection, son dosimètre indique des radiations beaucoup trop intenses. On ne pourra pénétrer dans la salle du réacteur que pendant des temps très courts, moins d'une minute par personne.

Des trois opérateurs qui étaient à l'intérieur, un respire encore (pour peu de temps), les deux autres sont déjà morts. Détail horrible, l'un d'entre eux a été littéralement cloué au plafond par une barre jaillie du réacteur détruit. Son corps ne pourra être évacué qu'une semaine après, avec un roulement très rapide des hommes chargés de l'opération.

Ce très petit réacteur était rustique, les barres de contrôle étant actionnées manuellement. On pouvait comprendre que, soit maladresse, soit erreur, soit effort mal dosé(1) la barre avait été enlevée entièrement, d'où emballement de la réaction en chaîne, fusion puis explosion. Cela ne s'est pas su, et cette possibilité d'explosion d'un réacteur allait être niée farouchement pendant près de vingt ans.


  1. (1) On a même évoqué les possibilités de pari stupide, ivresse, etc. comme s'il fallait une faute quelque part…