Tout fidèle lecteur omnilogiste se rappellera ne rien ignorer de l'organisation de la journée dans un monastère ou une abbaye.

S'il se projette avant la grande réforme de Vatican II et qu'il se rend dans un monastère, notamment des Ordres cistercien ou bénédictin, il aura sans doute la surprise de découvrir une organisation un peu particulière au sein de l'institution, avec deux sortes de moines : les religieux de chœur et les convers. Mais qui sont donc ces derniers ?

En fait, il s'agissait de moines peu cultivés mais souvent cultivateurs… Développons.

Le mot vient du latin « conversus », changer, pour signifier une conversion du laïc qui répond à son appel religieux. Mais son statut est bien particulier, et son engagement religieux moins absolu. Souvent illettré, le moine convers est destiné aux travaux manuels liés à l'abbaye, y compris à l'extérieur de la clôture, dans les champs et les vignes environnants. Il pouvait même parfois partir pour plusieurs semaines à l'extérieur afin de remplir sa mission. Lorsqu'il était dans les murs de l'abbaye, il était considéré comme faisant partie de la communauté, mais une partie de cette dernière leur était plus spécifiquement réservée, le « domus conversorum » et ils étaient dispensés d'assister à l'intégralité des prières de la journée.
Cette tolérance fort développée au XIe siècle ira d'ailleurs en diminuant au fil du temps. Cela se justifiait d'autant plus que les Offices étaient en latin, langue totalement ignorée des convers.

Il n'était ainsi pas question pour eux de monter dans la hiérarchie interne, ni même de lire au cours des offices, ce qu'ils ne savaient d'ailleurs par faire pour la plupart d'entre eux comme on l'a vu… Ils ne pouvaient donc non plus être ordonnés prêtres.
Le droit Canon les considérait d'ailleurs comme des laïcs. Il étaient cependant tenus à l'observance de la Règle de leur Ordre, et donc à l'obéissance, la pauvreté et la chasteté.

On le voit, il s'agit d'un statut vraiment bien particulier.

Ils étaient aussi porteurs d'un habit spécifique, tant à l'extérieur que dans le chœur, dans lequel ils se tenaient le plus souvent à l'arrière. Certains frères convers s'engageaient dès leur plus jeune âge, manière pour leur parents de les faire échapper à la famine en leur permettant de fuir une situation sociale défavorisée.

Leur vigueur au labeur fit la richesse de nombre abbayes, impliquant de gros désordres voire la perte de certaines d'entre elles : la quête du profit éloignait de la simplicité voulue par l'Ordre, et surtout suscitera la jalousie des Prélats et de la noblesse et même du roi qui viendront s'imposer dans les abbayes pour y percevoir nombre de taxes, jusqu'à les rendre exsangues. La Révolution fera le reste pour nombre d'entre elles.

Ordination