21 octobre 1805.
L'amiral Nelson doit repousser la flotte franco-espagnole de Napoléon. Face à lui se trouvent trente-huit bateaux, dépassant largement les trente-et-un vaisseaux que l'amiral commande.

Les ennemis (dans ce contexte, les ennemis sont les Français : je me place du point de vue des vainqueurs) craignent Nelson pour ses victoires précédentes, et leur flotte est moins bien équipée que les excellents Britanniques. Toutefois, leur supériorité numérique devrait leur conférer la victoire. Napoléon y croit, et espère ainsi s'ouvrir les portes pour une invasion de la Grande-Bretagne.

Les Français se mettent en ordre de bataille tel qu'il est classique à l'époque : en ligne. Nelson surprend alors tout le monde : en lieu et place de la stratégie habituelle, il forme deux colonnes perpendiculaires à la ligne qui viennent percer le front français. C'est une victoire totale : vingt-et-un navires capturés et un coulé, aucun vaisseau de perdu chez les Britanniques. Ceux-ci déplorent tout de même trois mille morts (une broutille comparée aux sept mille décès enregistrés par la coalition) parmi lesquels… Nelson, qui a eu la bonne idée de parader sur son vaisseau en uniforme (ce qui correspondrait de nos jours à se balader avec une ceinture d'explosifs en plein Jérusalem) : un sniper l'a abattu. Que faire de son corps ? Traditionnellement, les marins décédés n'ont no grave but the seas – aucune tombe à l'exception de la mer. Mais tout de même, il s'agit de Nelson, héros national ! Il mérite d'être rapatrié. Comment conserver sa dépouille pour le voyage du retour ? Simple : il suffit de le mettre dans un baril de rhum : l'alcool le protégera de la décomposition et évitera la propagation des odeurs.

Les bateaux font demi-tour, et fêtent leur victoire comme il se doit. Vous voyez venir la suite ? À l'arrivée à Londres, en ouvrant le tonneau, celui-ci avait été percé(1).

Ce qui n'empêchera pas de construire la colonne Nelson, du haut de laquelle sa statue peut voir la mer, tandis qu'à ses pieds se trouvent quatre lions forgés du métal des canons enlevés aux français. Væ victis.


  1. (1) Bon, d'autres prétendent qu'il ne s'agit que d'une légende. Allez savoir qui a raison… dans tous les cas, j'aime bien cette histoire.