Fidèle omnilogiste, à la lecture de cet article, en 1769 tu seras projeté, et du fardier de Cugnot (1720 – 1804), plus rien tu n'ignoreras…

Jusqu'alors, de bois, de mule ou de cheval, les sabots il fallait user pour celui qui voulait pérégriner. Avec ce brillant inventeur, s'ouvrait peut-être l'ère de la locomotion.

Après un premier essai malheureux qui valut à l'engin de terminer dans un mur, faute de freins efficaces(1), ajouté à la disgrâce de Choiseul, vaillant défenseur du projet, de même que la mise à l'écart de Gribauval, c'est l'avenir même de cette invention qui se voit menacé.

Cette même année, le Marquis de Saint-Auban reconnait dans un courrier à la Société royale des Sciences et des Arts de Metz l'ingéniosité de cette invention, tout en la qualifiant de parfaitement inutile ! Peu après, Bonaparte, tout occupé à la campagne d'Égypte, ne verra pas l'intérêt de ces recherches, qui auraient pourtant permis d'ajouter à la liste de ses créations celle de l'Artillerie. C'est bien dans ce but de transporter des canons qu'est pensé ce fardier (destiné à porter des fardeaux). C'est à l'arsenal de Strasbourg que sera fabriqué ce prototype, d'un coût qui se révélera exorbitant, – 20 000 livres – que certains estiment correspondre à 300 000 ou 400 000 euros actuels.

Mais étudions de plus près cette « chose » si innovante : 2,19 m de largeur pour 7,20 m de longueur (deux poutres longitudinales et des traverses), ses roues ferrées arrières mesurent 1,23 m de diamètre, rendant indispensable une échelle pour accéder à la place du chauffeur. Et chauffeur est bien le mot adéquat, puisqu'une vingtaine de bûches furent nécessaires pour porter à ébullition les 160 l d'eau du jour de la démonstration contenues dans la « marmite » de 1,50 m de diamètre(2).

Fardier de cugnot

Doté de deux cylindres, ceux-ci sont mus par la vapeur ainsi obtenue après une heure de chauffe, actionnant alors une chaine, puis une roue à rochet et un bras de levier, transformant un mouvement linéaire en mouvement rotatif, actionnant une seule roue.

C'est alors à la vitesse de 4 km/h qu'avance ce chariot de 800kg, déjà doté d'une direction à crémaillère… pour finir dans un mur, enterrant la locomotion mécanique pour des années.

Vaine invention tombée dans l'oubli du fait de cet échec ? Certes non, car à la fin du XIXe siècle apparaitront les diligences à vapeur qui reprendront ces premières inventions.

Décidément, une invention qui pouvait donner des vapeurs aux admirateurs…


  1. (1) Et vous notez là aussi le premier accident automobile de tous les temps, qui ne restera pour le bonheur des carrossiers pas le premier…
  2. (2) Pour une capacité théorique totale de 250 l.