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Défaite française
Comme nous l'avons vu dans l'épisode précédent, la colonie française au Québec se développait bien. Malheureusement, plus au Sud, les colonies britanniques sur l'actuelle côte Est des États-Unis progressaient très vite, et ce, depuis plus longtemps. Au milieu du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France comptait 60 000 habitants contre 2 000 000 côté britannique. Les terres et le climat étaient plus propices au développement, mais le contexte religieux a aussi été une raison. Les non-anglicans étaient persécutés en Grande-Bretagne à cette période : ce nouveau continent se présentait donc comme une terre d'accueil idéale pour fuir ces persécutions.

Les affrontements entre les colonies de ces deux empires étaient fréquents. Le déséquilibre démographique évoqué plus haut, renforcé par un soutien de la métropole plus fort côté britannique, rendit la défaite inévitable pour les Français. Autour de l'année 1760, la France dut donc céder ses colonies. Elle eut le choix entre les Antilles et la Nouvelle-France. Malgré le fait que la seconde disposait de terres beaucoup plus vastes, elle fut abandonnée car plus difficilement exploitable et défendable. Le Québec passa donc sous les couleurs britanniques en 1763.

Colonie britannique
Sous le Régime britannique, les lois anglaises furent imposées au Québec. De plus, les postes de l'administration n'étaient accessibles qu'aux personnes reniant la religion catholique. Cela avait pour but d'écarter les francophones de ces postes importants. Malgré ces efforts, Londres rencontrait des difficultés à prendre la main sur la colonie. Les migrants britanniques préféraient s'installer dans les anciennes colonies. De ce fait, en 1773, le Québec demeurait presque exclusivement francophone(1). Londres craignant qu'un conflit interne éclate et renforce les velléités indépendantistes américaines, l'Acte du Québec fut signé. Celui-ci rétablit le code civil français, la liberté de religion, la place de l'église catholique et enfin des terres de l'ancienne Nouvelle-France furent annexées au Québec, pour que la province retrouve de sa grandeur.

À la fin du XVIIIe, nombreux sont les colons britanniques à avoir quitté les États-Unis à la suite de l'indépendance. Certains se sont retrouvés au Québec. Ces derniers supportaient difficilement la place des francophones dans la région. Londres décida donc de séparer la colonie en deux, Haut-Canada et Bas-Canada. Le Haut-Canada se situait dans la partie canadienne des grands lacs. Il était composé principalement de loyalistes anglophones. Le Bas-Canada correspondait plus à l'actuel Québec. Le fonctionnement restait le même que précédemment. Cette séparation visait à contenter tout le monde, mais les conflits étaient toujours présents. La réunification des deux colonies fut alors établie pour améliorer l'assimilation des francophones. En vain. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique fut déclaré en 1867 pour essayer d'améliorer la situation. Bien que restant sous tutelle britannique pour la politique extérieure, c'est à ce moment là que les frontières du Canada et son découpage en provinces furent établis. La nation canadienne venait de voir le jour. Les francophones obtinrent une province majoritairement francophone, leur donnant ainsi la possibilité de défendre légitimement leur langue et culture. Il faudra cependant attendre 1931 pour que le Canada devienne véritablement indépendant. Depuis ce temps, la province québécoise ne cesse d'accroître son autonomie pour se protéger de l'assimilation linguistique – nous en reparlerons prochainement.


  1. (1) 2 000 anglophones contre 900 000 francophones

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