Ununoctium ou la quête de l'îlot de stabilité (2)
En physique, qu'est ce que l'îlot de stabilité ?
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
Nous avons parlé de l'Ununoctium et de son obtention. Mais, la raison de cette recherche extrêmement ardue, et onéreuse, peut paraître obscure. J'en viens donc à la seconde partie du titre, la quête de « l'îlot de stabilité ».
L'îlot de stabilité est un ensemble hypothétique de noyaux atomiques possibles(1) qui devraient être beaucoup plus stables que les autres noyaux possibles alentours (avec des combinaisons neutrons/protons un peu différentes), et donc avoir des périodes de demi-vie plus longues.
Je vais essayer d'en donner un début d'explication simple et claire. Le modèle actuel « en couches » des noyaux atomiques décrit chaque noyau comme constitué de nucléons(2) avec chacun un niveau d'énergie particulier. Ainsi lorsque un niveau d'énergie est saturé en nucléons, le noyau acquiert une stabilité particulière. Il existerait donc ainsi des « nombres magiques » de protons et des « nombres magiques » de neutrons qui confèreraient une stabilité plus importante au noyau, ces nombres pouvant être différents pour les protons et pour les neutrons.
Cette stabilité serait atteinte pour un hypothétique noyau à 126 (ou 114 en considérant d'autres théories et hypothèses) protons et 184 neutrons. Configuration qu'on cherche donc à approcher. Et ainsi, obtenir un noyau super-lourd stable, et donc potentiellement analysable, voire utilisable. Ce qui permettrait de faire un pas dans la compréhension des structures des noyaux atomiques.
Sur l'image ci dessous, plus les plots sont rouges plus ils sont supposés stables. Le nombre de protons est à droite, le nombre de neutrons à gauche. Ici, il est dessiné pour l'hypothèse à 114 protons et 184 neutrons.
Cette quête de l'îlot de stabilité est toutefois en perte de vitesse, à cause de calculs récents sur l'effet tunnel, un mécanisme issu de la physique quantique, qui remettent en cause la stabilité de tels noyaux pour d'autres raisons. Et pour l'instant, comme énoncé dans la première partie, les périodes de demi-vies effectivement observées restent très courtes.
Voilà qui clôt ce double omnilogisme sur les éléments « super-lourds », et sur la quête de cette île « paradisiaque » au milieu de la « mer d'instabilité ».