Peng Dehuai : un critique de Mao au sein du PCC (La Chine communiste – 3)
Prendre la défense du petit peuple chinois contre Mao, c'était possible ?
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
Il était loin d'être parfait. C'est le moins qu'on puisse dire !
Militaire de renom sous le régime communiste de Mao, il a mené l'Armée rouge chinoise de nombreuses fois, contre les Japonais, mais aussi et surtout contre le peuple chinois lors de la Longue Marche qui voit l'avènement du régime communiste chinois. Il participe aussi à la guerre de Corée au début des années 50. Il devient par la suite ministre de la défense.
Mais ce qu'il faut lui reconnaître, c'est qu'il n'avait pas la langue dans sa poche, et qu'il s'en servait pour défendre la cause du petit peuple chinois.
Issu d'une famille de paysans pauvres, il reste très sensible au sort misérable de la paysannerie, qui ne s'améliore pas après la prise de pouvoir par le Parti communiste chinois, bien au contraire(1).
Ainsi, il se fait un critique virulent des privilèges de l'élite maoïste, qui est bien sûr totalement contraire à l'idéologie communiste de base. Mais bon, y a-t-il jamais eu de communisme idéal ? Je veux dire par là collant à la réalité théorique et idyllique de Marx ?
Ayant pris conscience, lors d'une visite dans sa province natale du Hunan, des conséquences désastreuses du Grand Bond en avant, il s'oppose à Mao Zedong, dénonçant l'échec total de la réforme. C'est là que j'applaudis, même s'il n'aurait jamais dû le faire (pour son propre intérêt). Mao lui demande de coucher ses critiques par écrit, ce qu'il fait bien gentiment.
Mais Mao s'appuiera ensuite sur ce document pour obtenir la déchéance de Peng, lors d'une conférence du parti à Lushan, en 1959.
Le militaire est alors démis de toutes ses fonctions, et assigné à résidence, sous surveillance.
Cela ne durera pas trop, car avec la retraite de Mao devant l'échec effectif du Grand Bond en avant, le paysage politique devient moins hostile à Peng Dehuai. Il reprend du service, et certaines responsabilités lui incombent à nouveau.
Mais c'est sans compter le retour de Mao(2). La Révolution Culturelle qu'il lance va à nouveau malmener ce pauvre Peng.
Parce que celui-ci s'y oppose, bien entendu, ce qui va conduire à son arrestation en 1966.
Il tente de se suicider, sans succès. Il sera humilié publiquement, passé à tabac et torturé.
Durant sa captivité, il écrit sa biographie, dans laquelle il maintient sa vision du communisme, qu'il oppose à celle de Mao.
Atteint d'un cancer, subissant des mauvais traitements, il est transféré à la fin 1974 dans un hôpital militaire où, sur ordre de Mao, il ne reçoit aucun traitement médical. Il meurt la même année.
Il n'est réhabilité par le PCC (Parti Communiste Chinois) qu'en 1978, après la mort de Mao bien évidemment(3).
Finalement, malgré les victimes qu'il aura laissé sur son passage en tant que militaire, et donc forcément les crimes qu'il a commis n'arrivent pas à me rendre le personnage détestable. Je ne sais pas pour vous… ?
- (1) ↑ Voir le précédent article sur le Grand Bond en avant.
- (2) ↑ Ça fait très nom de film, non ? Mao II, le Retour ! Bref, excusez moi.
- (3) ↑ Mao meurt en 1976.