Le décaféiné
Comment un café caféiné devient-il un décaféiné ?
Presque tous les fidèles lecteurs omnilogistes l'aiment bien, ce petit café bu le matin au petit déjeuner, ou après un bon repas, et pourquoi pas à tout moment de la journée, assis à la terrasse d'un bar ?
Dans certains pays, on peut même trinquer avec ce café…
On l'apprécie aussi plus ou moins corsé selon ses goûts et aussi selon l'heure de la journée à laquelle il est consommé.
Cette petite molécule C8H10N4O2 (« la caféine ») est présente en quantité variable selon les types et provenances(1).
Pour les amateurs de chiffres, une tasse de café contient de 100 à 200 mg de caféine, 1 à 5 mg pour celle de décaféiné, à comparer avec la tasse de thé : 60-70 mg ou une canette de Cola : 40-50 mg.
Et si vous voulez vous débarrasser d'un importun, sachez qu'une dose de 5 000 mg devient mortelle par empoisonnement. Point besoin alors de tirer ! Mais la préméditation sera patente si le crime est découvert !
Mais on sait bien que la caféine produit ses effets dopants dès la 5ème minute qui suit sa consommation, et durant 4 à 6 heures(2). Aussi vaut-il mieux parfois boire un décaféiné. Mais comment un café caféiné devient-il un décaféiné ?
Eh bien point de romantisme, il va falloir en passer par la chimie !
Il existe de fait bien une petite exception avec le café de Charrier (Coffea charrieriana), espèce de caféier originaire du Cameroun et décrite en 2008 comme produisant des grains très faiblement caféinés. Mais la production est anecdotique.
Trois principales méthodes sont connues :
On peut tout d'abord mettre les grains de café à tremper dans de l'eau, qui passera ensuite au travers d'un filtre de charbon actif, avant d'être re-mélangée avec le moût de grains.
Avantage de la méthode, la caféine ainsi récupérée peut même être vendue en parallèle au milieu pharmaceutique ou alimentaire, pour les boissons énergisantes notamment.
Inconvénient, le goût obtenu n'est pas toujours de qualité constante…
On peut ensuite extraire la caféine en utilisant des solvants organiques, chlorés notamment(3), longuement utilisés mais maintenant remplacés par de l'acétate d'éthyle, bien moins toxique. Il s'agit là de « jouer » sur la solubilité qui est différente selon les divers éléments qui composent un produit.
Enfin, reste l'extraction au dioxyde de carbone. Cette méthode est moins toxique que la précédente. Du CO2 dans un état super-critique passe à plus de 70 bars à travers le grain de café à un peu moins de 40 ℃. Une dissolution – dont je laisse le soin aux chimistes de renom de faire un omnilogisme spécifique… – se produit sous ces conditions et détruit la quasi totalité de la caféine, extraite par rinçage.
Au fait, qui c'est café cet article ?…
- (1) ↑ Et que l'on retrouve aussi dans le thé entre-autre, exactement selon la même formule chimique, mais sous le nom de théine.
- (2) ↑ Moitié moins pour un fumeur !
- (3) ↑ Tels que le chloroforme ou le trichloréthylène, maintenant proscrits dans le monde industriel pour le dégraissage des pièces métalliques !