Aujourd'hui, nous allons parler d'une expression relativement connue, mais dont l'origine l'est un peu moins. Que ce soit dans le domaine politique, sportif ou même scolaire, tout le monde peut se retrouver avec un tel danger au-dessus de sa tête sans forcément se prénommer Damoclès. Nous verrons donc qui était ce brave homme dont la lubie était les épées.

Remontons légèrement dans le temps, si vous le voulez bien. Nous voici à Syracuse, une ville à l'époque grecque, bien que située en Sicile, quelque part à la fin du Ve siècle avant J.-C. en compagnie de Denys l'Ancien, le tyran(1) local. L'homme vit dans un magnifique palais, a tout le pouvoir dont on peut rêver et plus de gardes que les rois n'osent imaginer. Bref, notre ami Denys semble heureux et sa place enviable.
C'est ce que pense Damoclès, un de ses courtisans, aussi connu pour être un excellent orfèvre. Et puis, il faut bien avouer qu'être reçu par le tyran en ayant des mets raffinés, des vins exquis et d'agréables animations en arrière-fond aide à penser que la vie est un long fleuve tranquille pour cet homme, non ?

Denys, qui voit une pointe d'envie dans le regard de son camarade, décide de lui proposer une journée à sa place. Damoclès, s'imaginant goûter à un bonheur incroyable sans contrepartie, accepte volontiers l'idée. Le tyran lui cède son fauteuil et notre charmant envieux comprend alors qu'être chef n'est pas de tout repos.
« Pourquoi donc ? Il a pourtant à manger, à boire, un toit, ce dont pas mal de monde rêve ! » Eh oui, mais apprécieriez-vous d'avoir une épée suspendue par un fil – c'est le cas de le dire, la légende parle d'un crin de cheval ou d'un cheveu selon les versions – au-dessus de votre tête ?
Denys lui expliquera alors que le revers de la médaille, lorsqu'on est tyran, est de devoir assumer les dangers liés à cette charge, symbolisés ici par cette épée prête à tomber.

Aujourd'hui, nous parlons d'une épée de Damoclès lorsqu'une personne se trouve dans une situation délicate, où le moindre faux-pas peut faire tomber cette fameuse épée. En revanche, cet article – et son auteur, c'est-à-dire moi – ne vous conseille absolument pas d'appliquer littéralement cette expression, sauf si vous tenez absolument à faire avoir une crise cardiaque à votre neveu !


  1. (1) Dans la Grèce ancienne, le terme signifie que le pouvoir a été pris illégalement, mais il n'est pas forcément un despote. La connotation négative du mot n'apparaît que bien plus tard !