Comment conter fleurette à Cécile de Volanges (1)
Comment s'affubler de diptères afin de mieux pouvoir les sodomiser ?
Salut à toi, lecteur toujours fidèle !
Salut à toi, lecteur occasionnel !
Salut à toi, lecteur qu'on dépucelle !
Salut à toi, quatrième rime en [Ɛl](1) !
Ah, ma bonne dame, il est bien loin le temps où l'on savait faire la cour ! Les jeunes d'aujourd'hui, non contents de se complaire dans l'oisiveté et la non-écriture(2), ne savent plus courtiser. C'est à peine s'ils se disent bonjour avant de se rouler dans la fange d'une ignominieuse luxure ahanante et expéditive.
De nos jours, « draguer » consiste, de la part du mâle, à faire étalage de sa vacuité intellectuelle(3) tandis que la demoiselle, impressionnée par l'énormité de ce vide, manifeste son désir de rapprochement charnel par de discrets signes vestimentaires(4).
Ça avait une autre gueule du temps des coquines cachant leur embarras derrière leur éventail tout en laissant avec malice leurs mouches apparentes afin de signaler à leurs galants quelque émoi ou une sombre indifférence ! Mais bien peu aujourd'hui seraient capables d'interpréter les subtils messages que ces deux accessoires peuvent transmettre.
C'est pourquoi, Médâmzéméssieux, Méssieuzémédâmes, en ce jour d'aujourd'hui de pas hier ni demain, je me propose à moi-même tout seul comme un grand de vous faire un cours de galanterie « XVIIIe staïle » afin que vous, Médâmes, puissiez user des toutes les armes à votre disposition en plus de vos charmes, et que vous, Méssieux, puissiez interpréter les agitations évantailères frénétiques d'éventuelles cocottes mouchetées.
Commençons par les mouches et tâchons d'être concis. Car l'étude de ces petites choses nécessite minutie et rigueur. Pas question de se perdre en conjectures et de supputer à tous les vents dans l'unique but de sodomiser les diptères – et de placer cette expression honteuse.
La mouche. Il convient au préalable de différencier la mouche de la mouche. Car si la mouche peut se poser sur la mouche, il est rare de voir une mouche porter une mouche. De même, la mouche vole alors que la mouche, non ; bien qu'une mouche puisse s'envoler si vous vous mouchez sans faire attention. Bref, lectorat, voici les mouches. Mouches, voici le lectorat.
Les présentations étant faites, reprenons le cours.
Oubliez l'usage de la mouche(5) en tant que rehausseur de la blancheur du teint ; c'est soooo XVIIe ! Apprenez à porter la mouche avec style et décontraction. Mesdames, une mouche bien placée, c'est tout avouer sans rien dire :
L'assassine est près de l'œil, mais on la nomme aussi passionnée.
Au coin de la bouche, telle la phalène offerte au papillon de nuit, la baiseuse vous attire.
Sous la lèvre, elle devient friponne ou coquette.
Sur le nez, c'est avec fierté qu'elle porte son nom d'effrontée ou de gaillarde.
Sur le front, au vu de tous, elle est majestueuse.
Délicatement posée sur la joue, voilà la galante.
Sur une ride, dans le creux du sourire, elle est enjouée.
Sur la poitrine, dites bonjour à la généreuse.
La receleuse cachera un bouton.
Et sur le menton, elle se fera discrète.
Fort de cet incroyable savoir, Mesdames, vous pourrez maintenant vous parer avec goût et subtilité(6).
Quant à vous, Messieurs, veillez à faire preuve de tact et de délicatesse(7) lors de vos prochaines courtisaneries ; ne dites plus : « Quel horrible poireau vous avez sur le nez ! » mais préférez lui un charmant : « J'ose espérer qu'en plus d'être effrontée, vous saurez vous montrer généreuse ! » Croyez-en le vieux lovelace, vous en récolterez bien plus de doux larcins(8) que de soufflets.
Attention cependant, Messieurs, n'allons pas trop vite en besogne. Un compliment bien tourné sur une « assassine » ne vous ouvrira pas à coup sûr la porte des délices. Encore faut-il savoir ce que l'éventail duquel elle vient de manquer de vous éborgner signifie(9).
Nonobstant votre désir d'aller courir la marquise, nous verrons le langage de l'éventail lors d'un prochain article. Profitez de cette attente pour retenir la première leçon, il n'est pas impossible qu'une interrogation soit au programme de mon prochain cours(10).
- (1) ↑
— C'est dingue, quand même !
– De quoi parles-tu ?
– De l'incommensurable flemme de machin, là, l'auteur.
– Lui ? Flemmard ? Pourquoi dis-tu cela ?
– Étudie bien son truc, là. C'est le même à chaque fois ! Pas besoin de réfléchir à un quelconque extrait visible sur la page d'accueil, ni à une accroche propre à chaque article. Je le soupçonne même de copier-coller, ce chafouin personnage.
– Ah, l'empafé !
– Attends, il y a pire ! Le lecteur distrait pourrait prendre ces quatre lignes pour une marque de fabrique sympathique, alors que ce n'est qu'un vil stratagème visant à bouffer de la place.
– Le sinistre gougnafier !
– Aucun effort de créativité.
– Quel abject foutriquet !
– Je suis outré.
– Un pastaga pour oublier ?
– Volontiers ! - (2) ↑ Je parle aux supposés auteurs de ce site.
- (3) ↑ Technique plus connue sous son nom moderne du « Ouèch manoizelle, z'êtes bien charmante tu sais ? »
- (4) ↑ Technique dite du String-qui-dépasse-de-la-mini-jupe-et-décolleté-si-plongeant-qu'on-se-demande-s'il-ne-faudrait-pas-se-munir-d'une-lampe-frontale-et-de-100m-de-corde-juste-au-cas-où.
- (5) ↑ Note à l'intention des lambineurs cérébraux : la mouche dont je parle est bien la petite rondelle de taffetas noir qui ressemble à un grain de beauté.
- (6) ↑ Et ne plus donner l'impression de vous être endormie dans un plat de lentilles.
- (7) ↑ Je l'avoue, celui-ci ne m'a rapporté qu'un accessit dans la catégorie « Inculture ».
- (8) ↑ N'est-ce pas plus gracieux qu'une grosse pelle bien baveuse ?
- (9) ↑ Il est bien évident que si vous prenez ledit éventail dans la gueule, c'est qu'elle vous trouve à tel point révulsant qu'elle répugne à se salir les mains pour vous gifler. Et un coup d'éventail, c'est très douloureux. Demandez à Neamar.
- (10) ↑ Si d'aucuns se demandent comment dire « éventail » en anglais, je leur suggère de considérer l'indice suivant : acrostiche final.