Être à la bourre ou « le temps, c'est de l'argent »
Quelle est l'origine de l'expression « être à la bourre » ?
D'où vient donc l'expression « être à la bourre » ? Pour bien y voir clair, je vous propose tout d'abord de lire l'ensemble des sens différents du mot bourre :
- La bourre est un jeu de cartes d'origine occitane qui se joue avec 32 cartes.
- La bourre, en armement, est ce que l'on place derrière la charge pour la maintenir dans le canon.
- La bourre est un amas de poils d'origine animale qui sert à rembourrer un objet (fauteuil, selle, etc.).
- La bourre est la partie grossière de la soie, de la laine.
- La bourre, en botanique, est la partie cotonneuse qui existe dans certains bourgeons.
- La bourre est un mauvais traitement ou une chose sans valeur.
- Un bourre désigne un policier en argot du début du XXe siècle.
- Une bourre est une relation sexuelle.
Parmi ces termes, seuls deux possèdent une théorie associée qui justifient le sens de cette expression, « être en retard ».
La première affirme que le terme « bourrer » a pris le sens de « bloquer, arrêter » au début du XXe siècle. Ainsi, celui qui est bloqué, arrêté, donc à la bourre, se retrouve pressé par le temps de par l'obstacle rencontré. Malheureusement, ce sens n'est attesté nulle part.
La deuxième est celle d'un vieux jeu occitan de la campagne, un jeu de cartes appelé jeu de bourre. Dans ce jeu, les quelques joueurs y participant misaient une même somme de concert à chaque tour et effectuaient des levées puis des plis. Expliquons ces deux termes : dans un jeu de cartes utilisant les plis, les joueurs jouent chacun une carte de leur main (l'ensemble de leurs cartes) et le joueur à la carte la plus forte emporte le paquet, il lève les cartes acquises puis les range, il fait un pli.
Ainsi donc, un joueur malchanceux se retrouvait rapidement déplumé à la fin d'une série de tours, par manque de cartes et par manque d'argent. Ce double manque lui vaut le surnom de « bourru », ce qui, selon cette théorie, a été transposé à un retard dans le cas général, soit « être à la bourre ».
Mais la troisième théorie, que j'ai pu lire dans un commentaire du second lien de mes sources, est particulièrement cohérente. À l'origine, les balles des fusils étaient faites de plomb. Dans le canon d'une arme à poudre, lors du tir, une fine couche de la balle fondait à cause de l'explosion. En se solidifiant, cette couche encrassait l'arme et lors du tir suivant, sa puissance était réduite.
Dès lors, on a rajouté une bourre, un petit dispositif de calage pour régler ces problèmes.
Lors de la recharge de l'arme, il était donc nécessaire de passer par l'étape du réglage de la bourre pour recharger correctement, ce que l'on appelle bourrer. De là, un soldat se faisant tirer dessus et devant recharger ne pouvait que penser : je suis à la bourre, c'est-à-dire, fatalement(1), en retard.
- (1) ↑ Ça lui est en effet fatal, de ne pas pouvoir tirer assez vite.