L'os à vœux, l'os magique, ou l'os de la Victoire.

La claviculomancie, art divinatoire ou superstition enfantine ?

N'avez-vous jamais tiré sur ce petit os de poulet en forme de Y (ou de V) pour croire voir réaliser votre vœu le plus secret ? À deux, on tente sa chance et on tire intelligemment en dosant son effort sur ce fragile os de volaille, espérant garder en main le morceau le plus long après que l'os se soit cassé, parce que c'est VOTRE vœu qui se réalisera !
Mais d'où vient qu'on s'acharne à tirer sur ce petit os pour en avoir le plus grand morceau ?

On peut remonter le temps, depuis votre dernier repas de poulet, en passant par la découverte des Amériques et revenir aux Romains qui eux-mêmes s'en réfèrent à leurs nouveaux copains Étrusques : bref, 2 600 ou 2 800 ans au moins que les superstitieux brisent inégalement l'os de la Victoire !

Au début : Nous sommes en Étrurie, 6 voire 8 siècles avant notre ère, sur la future terre de Romulus et Remus, et actuelle Toscane et débords. Les Étrusques consultent les hôtes de leur poulailler comme des oracles. Ils sont persuadés que le coq et la poule sont des devins. Et les considèrent comme sacrés, même s'ils les sacrifient à ce titre. Caressés plus que cassés, les os étaient censés communiquer leur pouvoir au consultant. Les fondateurs de Rome reprennent le poulet par les épaules et les tripes et y lisent tout autant leur avenir, faste ou non. Les Romains s'éparpillant largement dans leurs conquêtes véhiculent avec eux l'art des routes, des égouts fermés et du recyclage des déchets de table… des bris d'os. Les Européens emportent dans leurs malles cette petite superstition pour la tester sur les clavicules des dindons du Nouveau-Monde qui n'apprécieront pas forcément ces caresses intéressées.

Demeurée un jeu d'adresse familial et un tenace et naïf espoir de voir ses rêves se réaliser, cette tradition perdure encore dans nos repas et fait toujours la joie simple des convives !