Quel fidèle lecteur omnilogiste n'a pas un jour ou l'autre pataugé dans la boue ou dans toute autre matière plus ou moins amicale ? À moins qu'il ne passât quelques longues minutes à se promener sur une dune de sable léchée par la marée sous un beau soleil couchant ?

Fi de rêverie… il lui faudra protéger ses petits pieds de l'humidité des lieux…

Et souvent, c'est d'une paire de bottes qu'il se chaussera, et souvent aussi avec un petit emblème prenant la forme d'un aigle, sur le côté extérieur, correspondant à la marque de la chaussure de couleur bleue.

Vous avez reconnu la célèbre botte « L'aigle ».

botte aigle

Pour obtenir cet objet, il nous faut du latex, la blanche sève issue de l'hévéa, souple et imperméable en séchant. Petite contrainte, de taille, elle se fend en deçà de 10° et fond au-delà de 20° !
Mais, merci monsieur Charles Goodyear, qui découvre (ou redécouvre ce que les indiens précolombiens avaient déjà exploité de manière empirique) qu'en malaxant le latex avec des fibres de tissu et du soufre, puis en chauffant l'ensemble, on obtient une pâte idéale pour une exploitation commerciale. Pour le plus grand hommage à Vulcain, ainsi est née la vulcanisation.

Intervient alors le sieur Hiram Hutchinson qui rachète le brevet du procédé et fonde son entreprise en 1853… en France. Reprenant l'emblème américain, mais le francisant, il la dénomme « À l'aigle ».

Et c'est toujours en France, à Châtellerault (en Poitou-Charente), que sont fabriquées les bottes de la marque, avec un certain souci d'écologie, en utilisant notamment exclusivement du caoutchouc naturel. Et ce n'est pas moins d'une soixantaine d'opérations successives qui sont nécessaires pour obtenir la botte finale, vendue à environ dix millions d'exemplaires par an…

Le plus surprenant est qu'il existe l'Aigle botté (Hieraætus pennatus) de l'ordre des Accipitriformes, de la famille des Accipitridés. Mais malgré son nom, ce sont des griffes que l'on trouve à ses pieds, et non des bottes en caoutchouc !

Au moins, avec cet article, vous n'aurez pas les pieds dans la gadoue !