Nombreux sont les omnilogistes ayant rencontré le terme « Épée Vorpale », ou sa contrepartie anglaise « Vorpal Blade »(1).

Mais qu'est-ce qu'une épée vorpale ?

Je sais pas trop, mais en tout cas ça fait mal.

— Vous(2)

Et vous avez raison. Que ce soit dans les jeux ou les livres, les épées vorpales sont des armes dont la « bourrinitude » n'est plus à prouver. Pour ne citer que quelques exemples, l'épée vorpale de Donjons & Dragons avait des chances de décapiter les ennemis. Plus insolite, celle de Munchkin(3) confère un bonus très important contre les monstres commençant par la lettre « J ».
Et pourtant, ce n'est ni Donjons & Dragons, ni aucun jeu vidéo qui en est à l'origine.

L'inventeur ? C'est Lewis Caroll(4), dans le poème absurde et rempli de mots-valises « Jabberwock », paru au début du roman « De l'autre côté du miroir » (suite des « Aventures d'Alice au Pays des Merveilles »)(5).
Il y raconte comment un jeune homme terrasse le Jabberwock à l'aide de son glaive vorpalin, vorpal et vorpalin étant deux traductions équivalentes de l'anglais « vorpal », qui signifierait tranchant.

One, two ! One, two ! And through and through
The vorpal blade went snicker-snack !
He left it dead, and with its head
He went galumphing back

Une, deux ! Une, deux ! D'outre en outre !
Le glaive vorpalin virevolte, flac-vlan !
Il terrasse le monstre, et, brandissant sa tête,
Il s'en retourne galomphant(6).

Le Jabberwock, monstre également créé pour ce poème, a d'ailleurs lui aussi été largement utilisé par la suite, dans de nombreux jeux vidéos par exemple, mais aussi dans le film « Alice au Pays des Merveilles » de Tim Burton justement. Et même dans Munchkin, où il est l'un des seuls monstres commençant par « J », subtile référence à l'origine de ce mot(7).


  1. (1) Notez que « Vorpal » a aussi été utilisé dans le nom d'autres armes ou de personnages.
  2. (2) Surtout si vous êtes un joueur de Donjons & Dragons.
  3. (3) Un jeu de société parodiant les jeux de rôles.
  4. (4) De son vrai nom Charles Lutwidge Dodgson, mais c'est plus dur à dire.
  5. (5) Titres originaux : « Jabberwocky », et « Through the Looking-Glass, and What Alice Found There » (1871).
  6. (6) Traduction Henri Parisot, 1946
  7. (7) Je suis sûr que quelques petits malins s'en étaient aperçus.