Oh tu sais, moi, je ne suis jamais malade, je touche du bois !

Qui n'a jamais entendu cette phrase ? Pourquoi touche-t-on du bois pour conjurer le sort ?

Cette superstition remonte à des temps très anciens, quand l'on croyait que les arbres étaient la demeure des dieux. Le cycle des saisons qui touche l'arbre (pousse des feuilles, puis leur chute) était attribué à un acte divin. Certains même représentaient l'immortalité : les persistants, qui ne perdent pas leurs feuilles.
En touchant le bois des arbres, on témoignait du respect porté aux dieux et à leurs volontés. On les remerciait ainsi pour leur générosité passée, et on espérait obtenir leurs bonnes grâces pour le futur.

D'abord païenne, cette superstition fut confortée par l'arrivée de la croyance chrétienne : la crucifixion de Jésus sur une croix de bois sacralisa ce matériau. Pour faire pénitence, les chrétiens les plus fervents conservaient un crucifix de bois sur eux et le touchaient chaque fois qu'ils le jugeaient nécessaire. Ils le touchaient aussi lorsqu'ils caressaient un espoir, une ambition personnelle : comme ces derniers étaient jugés comme des pêchés, le fait de toucher le bois sacré demandait le pardon du Christ et conjurait le sort.

Aujourd'hui la superstition s'est généralisée, parmi d'autres comme « croiser les doigts ». Mais on ne se contentera pas du bois verni du premier meuble venu, qui aurait l'effet contraire : seul un bois brut, non peint, non traité fera l'affaire, et on le touchera trois fois pour bénéficier pleinement du geste !