Si vous avez déjà vu un film Hollywoodien, vous aurez remarqué que les fenêtres semblent refuser d'obéir aux lois physiques les plus élémentaires : apparemment, les scénaristes d'Hollywood ne ramassent jamais un bout de verre !

Dire que des éclats de verres coupent est un euphémisme : une vitre brisée contient des centaines de lames incroyablement aiguisées et de petites pointes vicieuses. Il ne faut quasiment aucun effort pour que l'un de ces bouts déchire le tissu humain. Cependant, les « gens des films » sautent à travers une fenêtre sans même s'égratigner – la routine, quoi.

En fait, il y a deux principaux moyens pour se couper lorsqu'on s'amuse à plonger à l'intérieur d'une verrière : d'abord, les gros éclats qui peuvent tomber comme autant de guillotines, coupant la peau sans effort. Ensuite, lorsqu'une personne saute (ou pire encore, fonce à pleine vitesse sur sa moto sur fond de musique héroïque(1)) dans une fenêtre, les fragments ont tendance à rester immobiles à cause de leur inertie : la seule façon de les déplacer est alors de leur appliquer une force. Vous l'aurez compris, si le crétin qui vient de sauter provoque cette force en appuyant sur la minuscule esquille, le verre coupera directement à travers les vêtements et la peau. Dans la vie réelle, sauter sur une baie vitrée revient à peu près à s'ouvrir les veines, injecter du cyanure à l'intérieur et à exécuter trente pompes pour bien faire circuler le sang et s'assurer ainsi une mort rapide et douloureuse.

On me dira que certaines personnes ont accidentellement traversé une fenêtre sans blessures sérieuses. Mais il y aussi des gens qui ont survécu à la bombe atomique, au virus d'Ebola, ou à un concert de Mireille Mathieu. Certes. Vous avouerez cependant que les probabilités ne sont pas particulièrement incitatives…

Le verre de sécurité est très appréciable, puisqu'il est fait de façon à s'effriter en toutes petites pièces de faible poids (et donc de faible inertie), sans oublier qu'il se casse en bouts ronds plutôt que coupants. Mieux encore, le verre de sécurité laminé ajoute une petite épaisseur de plastique entre chaque couche de verre, ce qui évite de transformer les éclats en balles de fusil.
Toutes les fenêtres et pare-brises de voitures sont faits de verre de sécurité. Reconnaissons cependant que si le crâne heurte ce vitrage, les lacérations, bris d'os ou de dents sont courants (on dit merci qui pour ces petits détails sympathiques ? Merci Neamar !).

Une personne qui sauterait à travers un pare-brise éviterait bien plus facilement les blessures que si elle sautait à travers une baie vitrée, même si elle souffrirait sûrement de quelques coupures mineures(2). Car n'oublions pas que la tête est extrêmement irriguée, et qu'il suffit d'une seule blessure bénigne pour transformer n'importe qui en zombie post-apocalyptique.
Tous les sauts-pour-secourir-l'héroïne-que-le-méchant-va-tuer-après-lui-avoir-raconté-son-plan-diabolique que vous voyez dans les films ne sont donc qu'un fantasme de réalisateur !


  1. (1) Notez que le raisonnement tenu ici fonctionne aussi sans la musique héroïque.
  2. (2) Par pur professionnalisme, j'ai testé cette assertion voilà quelques mois. Il y a encore deux bouts de verres qui ne sont pas partis, sous mon index gauche.