Tout fidèle lecteur omnilogiste a intellectuellement « disséqué » la tête d'un canut pour en étudier la composition de la cervelle de canut

Il a déjà été plus sérieusement évoqué cette situation de « canuts » pour les utilisateurs des célèbres métiers à tisser Jacquard.

Dès le XVIIIe siècle, les « fabriques »(1) de soierie font la réputation de Lyon. L'industrialisation progressant, la mécanisation survient, et ce sont donc ces grands métiers à tisser qui sont utilisés, installés dans des appartements à haut plafond, susceptibles d'héberger ces engins de 4 mètres de hauteur, aux immenses fenêtres permettant de gagner en luminosité.
Les célèbres traboules seront aussi aménagées pour pouvoir circuler entre les immeubles avec les rouleaux de soie sans les mouiller.

Escalier de traboule à la Croix Rousse

Dans un premier temps, les immeubles ayant hébergés des Ordres religieux sont utilisés, puis des immeubles complets sont construits à cette fin, sur la colline de la Croix-Rousse, qui sera ainsi appelée « la colline qui travaille », alors que la colline voisine, qui supporte la basilique de Fourvière et nombre de maisons religieuses, sera appelée « la colline qui prie ». C'est pourtant sur cette dernière que sera ensuite construite la tour métallique de Fourvière !

Mais revenons-en à nos tisseurs en soierie. Car c'est en effet ainsi qu'entendent être appelés les maîtres-tisseurs, propriétaires de leurs métiers, et les compagnons, qui sont leurs salariés.

Métier à tisser au musée Gadagne

L'histoire retiendra le terme de canut, qui était pourtant péjoratif. La mémoire familiale évoque le cas d'un apprenti pénétrant pour la première fois dans un atelier, lançant à la volée un « salut les canuts !  », auquel répond un grand blanc. Suivi d'une apostrophe du maître des lieux « ça t'écorcherait la gueule de dire les tisseurs ?  »

À compter de 1831, diverses révoltes se succèderont, pour dénoncer de très difficiles conditions de vie et un prix d'achat de la soie estimé trop bas.

Le mot provient de la canette, ustensile de bois à bout ferré contenant la bobine de fil de la trame (dans le sens de la largeur), qui va et vient sur le métier, avec le bruit caractéristique du « bistanclaque », croisant les fils de chaîne (sens de la longueur).

Canette

Soieries


  1. (1) nom utilisé à Lyon pour évoquer les ateliers.