L'hiver, la neige, le froid… certains y préfèrent, même à cette saison, la chaleur estivale des tropiques, les cocotiers, les maladies exotiques… En effet, il vaut toujours mieux revenir avec quelque chose de « rare » sous nos latitudes qu'avec un simple rhume ! Mais rappelez-vous qu'ailleurs – comme en Afrique subsaharienne, en Asie ou encore au Moyen-Orient – aussi, il existe des maladies plutôt handicapantes, tel le paludisme.

Cette maladie est liée à l'anophèle, une sorte de moustique qui, lorsqu'elle pique, (1) va transmettre un parasite : le Plasmodium. Ce dernier migre rapidement vers le foie du malade, s'installe bien confortablement dans ses cellules et commence à se reproduire. Une fois son armée constituée, les cellules de l'hôte éclatent et le parasite déménage avec tous ses petits camarades dans vos globules rouges, les faisant régulièrement exploser(2).
« C'est bien gentil de vouloir nous faire peur avec ça, mais qu'est-ce que ça provoque ? » me demandez-vous, légèrement inquiet. Eh bien fièvres, maux de tête, frissons, nausées… bref, que des choses bien sympathiques ! Surtout que si le paludisme n'est pas soigné, il peut évoluer vers quelque chose d'assez grave(3)

En exclusivité, vous allez donc découvrir le moyen de vous passer des désagréments de cette maladie : grâce à la drépanocytose, oubliez le paludisme ! « La dépra-quoi ? » vous empressez-vous de m'interroger, changeant sans vergogne le r de syllabe…
Il s'agit d'une maladie génétique qui va modifier la forme de vos globules rouges (grâce au changement d'une base – l'adénine – en une autre – la thymine – sur votre ADN(4), ce qui entraîne un changement dans la manière dont seront fabriquées vos futures hématies. Les malades atteints de drépanocytose possèdent deux fois l'allèle(5) HbS et ont des globules en forme de faucille, comme sur la photo ci-dessous.
Un globule rouge falciforme
En plus de ne pas être ronds, ces globules sont rigides, ce qui empêche leur passage dans les capillaires sanguins les plus fins ; du coup les malades sont atteints d'anémie dite « falciforme » en plus d'autres problèmes de santé (comme des soucis de circulation sanguine).

Pas vraiment pratique me direz-vous, à juste titre ! Mais attendez avant de hurler que mon idée est mauvaise… Un individu peut être hétérozygote(6) : il a alors le fameux allèle HbS et l'allèle sain, que la majorité de la population possède, HbA. Là, c'est le bonheur : non seulement l'individu ne souffre pas de la drépanocytose – pas de quoi faire un marathon tout de même– mais en plus, il ne sera pas atteint par le paludisme.
Mais comment cela se fait-il ? C'est très simple : notre ami Plasmodium aime les globules rouges bien ronds, faciles à pénétrer, et ceux des drépanocytaires, en cristallisant et en devenant rigides, ne permettent pas au parasite de s'installer et de se multiplier. Bien sûr, ceci est aussi valable pour les individus homozygotes, mais généralement, ils profitent moins de cet avantage…

Évidemment, plutôt que d'attraper une maladie génétique grave et risquer de la transmettre, il existe des traitements préventifs très efficaces qui vous garantirons des vacances sans chasse aux moustiques. Ou plus simple : restez en France, il n'y a que peu de chance que l'un de ces insectes vous pique ici !


  1. (1) Un insecte pique principalement pour se nourrir et récupérer de l'énergie pour pondre ses œufs.
  2. (2) Toute analogie avec les artificiers est à proscrire !
  3. (3) Oui, on peut considérer que la mort est relativement grave. Et définitive.
  4. (4) Il est composé de quatre bases différentes qui se combinent deux à deux : l'adénine, la thymine, la cytosine et la guanine.
  5. (5) Un allèle est une version d'un gène
  6. (6) Cette fois, l'individu possède deux allèles différents ; celui qui a deux fois le même est appelé homozygote.