La mort de Sardanapale, le tableau d'une fin tragique
Quel est le mythe de Sardanapale ?
Les révoltés l'assiégèrent dans son palais… Couché sur un lit superbe, au sommet d'un immense bûcher, Sardanapale donne l'ordre à ses esclaves et aux officiers du palais d'égorger ses femmes, ses pages, jusqu'à ses chevaux et ses chiens favoris ; aucun des objets qui avaient servi à ses plaisirs ne devait lui survivre.
C'est ainsi que Delacroix expliqua son tableau lors de sa première exposition au Salon en 1827, où il fit scandale pour sa violence et sa rupture avec le néoclassicisme. Sardanapale, roi légendaire de Ninive en Assyrie aurait régné de 668 à 627 avant J.-C. Le mythe de Sardanapale serait inspiré du règne d'Assurbanipal, un roi très cultivé et peu belliqueux. D'autres sources voient son origine plutôt dans le frère d'Assurbanipal, Shamash-Shum-Oukin, à qui il avait confié Babylone. Mais Shamash-Shum-Oukin aurait comploté contre Assurbanipal, ce qui avait conduit ce dernier à faire le siège de la ville.
La toile mesure 392 cm sur 496 cm et représente Sardanapale assistant depuis son lit au chaos lié à l'exécution de ses ordres. Le sol disparaît sous les corps entremêlés des femmes assassinées et les bijoux rutilants éparpillés. Un esclave noir tient par la bride un cheval richement harnaché, prêt à être abattu. Le fond de la salle disparaît derrière la fumée noire qu'on devine provenir de l'incendie du palais.
Pour ce tableau, Delacroix s'est inspiré de la Sardanapale de Lord Byron publié en 1821 en Angleterre et l'année suivante en France. Le drame du poète anglais s'achève sur le suicide du roi qui s'immole avec Myrrha, sa favorite :
SARDANAPALE : Comme la torche que tu tiens.
(Myrrha met le feu au bûcher)
MYRRHA : Le bûcher est allumé !… Me voilà !
Diodore de Sicile (né vers -90 ; mort vers -20) relate dans sa Bibliothèque historique un récit similaire sur la fin de Sardanapale : « pour ne pas se retrouver prisonnier de l'ennemi, il fit installer dans son palais un gigantesque bûcher sur lequel il plaça son or, son argent et tous ses habits de monarque ; s'enfermant avec ses femmes et ses eunuques dans un espace aménagé au milieu du bûcher, il se laissa ainsi brûler avec ses gens et son palais. ».
Cette Bibliothèque historique compilait sous forme d'annales les événements des temps mythologiques à Jules César, reprenant des textes encore plus anciens. Ainsi, Diodore s'est lui-même inspiré de Ctésias de Cnide, médecin grec à la cour des rois perses vers -400, qui est le premier à introduire le nom de « Sardanapale » dans les Persica. "Sardanapale surpassa tous ses prédécesseurs en débauches et paresse. Car non seulement il ne se montrait jamais au monde extérieur, mais il menait la vie d'une femme ». Seules quelques bribes des Persica sont parvenues jusqu'à nous.