Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !

Il te reste à présent à choisir la métrique
Qui rendra ton poème à tous les coups unique,
Ainsi que la structure ayant ta préférence
Pour enfin composer comme il se fait en France.

Continuons cette série avec les vers : en règle générale, tous les vers d'un poème doivent avoir le même nombre de syllabes(1). Cependant, toutes les longueurs n'offrent pas le même rythme, je vous invite pour le constater à lire les Djinns, de Victor Hugo. On distingue trois principaux types de vers :

  • l'hexasyllabe (six syllabes), qui induit un rythme rapide ;
  • l'octosyllabe (huit syllabes), plus léger et moins pompeux que l'alexandrin ;
  • l'alexandrin (douze syllabes), qui est le vers le plus utilisé en poésie classique et que Hugo disait être le plus proche du langage parlé.

Développons plus avant le concept d'alexandrin : il doit(2) comporter une césure à l'hémistiche, autrement dit, il est composé de deux hexasyllabes, qui peuvent être séparés à la lecture par une légère pause :

Je dirai quelque jour vos naissances latentes :

— Rimbaud, Poésies, Voyelles

Ici, l'alexandrin peut être séparé en Je dirai quelque jour et vos naissances latentes, et la prononciation peut le faire ressentir.

Cependant, le choix de la métrique reste entièrement le vôtre : Verlaine préconisait

De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l'Impair
Plus vague et plus soluble dans l'air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.

— Verlaine, Jadis et Naguère, Art Poétique

Alors que d'autres préféraient l'hexasyllabe, l'alexandrin… Disons simplement que l'alexandrin fait partie de l'archétype du poème classique.

Abordons maintenant la structure d'un poème. Là encore, vous avez la liberté la plus totale, mais voici deux classiques.

  • Le poème en quatrains, où un quatrain désigne une strophe (un paragraphe) de quatre vers(3). Le quatrain est la strophe la plus utilisée de la poésie française. Par ailleurs, une formule classique consiste à faire des poèmes de quatre quatrains, mais si le cœur vous en dit, libre à vous de dépasser ce nombre ou d'arrêter avant.
  • Le sonnet est composé, dans cet ordre, de deux quatrains et de deux tercets. Les types de rimes sont codifiés, c'est pour cela qu'il existe plusieurs types de sonnets. Je n'en ferai pas la liste, vous pouvez les trouver sur Wikipédia. Traditionnellement, le dernier tercet sert de chute au poème, et occupe ainsi un rôle clé.

Enfin, pour conclure, rappelez-vous que ces règles sont celles de la poésie classique française, pas celles de la poésie. Vous êtes donc complètement libre de faire de petits poèmes en prose (sans vers ni rime), mais tout le monde n'est pas Baudelaire(4).


  1. (1) Il existe bien sûr des exceptions, comme par exemple certains vers de fin de strophe qui indiquent une chute brutale.
  2. (2) Enfin, c'est un bien grand mot… Hugo a également préféré une structure 4/4/4 plutôt que 6/6 pour ses alexandrins, tandis que d'autres ont carrément négligé cette césure. Disons qu'un poème classique typique possède la césure.
  3. (3) Les strophes ont des noms particuliers en fonction de leur nombre de vers : il y a le distique (deux vers) ; le tercet (trois vers) ; le quatrain (quatre vers) ; le quintil (cinq vers) ; etc. Cependant, les plus usitées restent les trois premières. Par ailleurs, un poème peut tout à fait ne posséder qu'une strophe longue de plusieurs dizaines de vers.
  4. (4) Comprendre : là où ce qu'écrit Baudelaire en prose est instantanément accueilli comme un nouveau poème, il vous faudra user de plus de conviction pour prouver qu'il en est de même de votre œuvre, tout ça parce qu'il s'appelle Baudelaire et pas vous. Oui, le monde est cruel.