Connaissez-vous le café de civette ? Un arôme puissant et épicé, une mousse fine et onctueuse, des notes de caramel, de fruits rouges… quel délice ! Du café de quoi, avez-vous dit ? Bah, peu importe, c'est tellement suave qu'on en oublierait presque ce qu'est la civette !

La civette, nous répond obligeamment notre cafetier(1), jadis appelée chat musqué, est un petit animal proche du blaireau ou de la genette, ayant élu domicile dans les forêts de caféiers en Indonésie. La civette est pourvue à son extrémité postérieure (l'arrière-train pour être précis) de deux glandes anales sécrétant un liquide blanchâtre contenant de la civettone, un composé aux relents de musc.

«  Très bien, mais quel rapport avec mon café ?  », commencez-vous à vous demander…
Eh bien, un rapport de la plus grande importance ! La civette, nous l'avons dit, vit dans les plantations de caféier. Elle raffole des cerises de café, qu'elle grignote mais sans arriver à en digérer les noyaux. Ces graines seront éparpillées dans la nature, sous forme de crottes délicatement parfumées. Et QUI a eu l'idée de récupérer ces crottes et de torréfier les noyaux qu'elles contenaient ? L'histoire ne le dit pas(2). Toujours est-il que le café de civette, plus prosaïquement et plus explicitement appelé « café de crottes de civettes » en Indonésie, fait le régal des papilles de milliers de consommateurs dans le monde.

Café de civette

Pour un coût de plusieurs dizaines à plusieurs centaines d'euros le kilo de café, mieux vaut oublier d'où il provient et se concentrer sur l'arôme.
Mais avant de recracher le contenu de votre tasse, rassurez-vous, les noyaux sont soigneusement lavés à l'eau de source des forêts et torréfiés à plus de 200 ℃. Aucun risque donc d'attraper des maladies, tout au plus un léger chat dans la gorge…

Et si d'aventure vous vous lassez du Kopi Luwak(3), vous pourrez toujours vous rabattre sur le Black Ivory, le café d'éléphants de Thaïlande, fermenté 30 heures durant dans l'estomac des pachydermes en compagnie de bananes, cannes à sucre et autres fruits de la forêt qui constituent leur alimentation, ou encore le Jacu Bird, café de cerises jaunes pré-digérées par l'oiseau Jacu du Brésil…


  1. (1) Si notre charmant hôte avait été de la gente féminine, l'aurions-nous appelé « cafetière » ? Eh oui.
  2. (2) Un indice : c'était au XIXe siècle.
  3. (3) Nom indonésien du café de civette.