Par Saturne, ils sont fous ces Romains !
Le plomb aurait-il causé la chute de Rome ?
L'âge d'or de l'Antiquité européenne était sans conteste celui de l'Empire Romain. Inspiré par les Grecs, l'Empire de Rome a étendu une civilisation avancée sur une large partie de l'Europe, mais aussi de l'Asie et de l'Afrique.
Au coude à coude avec l'Empire d'Alexandre le Grand, Rome est ainsi le premier vecteur d'une culture puissante, qui allait fonder(1) l'alliage d'où naîtraient les civilisations européennes et celle du Proche-Orient.
Je ne sais pas vous, mais moi, j'ai toujours été atterré de la chute de ce grand Empire, qui, s'il avait d'immenses défauts, était tout de même une belle époque d'avancée technologique. Mais enfin, même les bonnes choses ont une fin.
Il n'empêche, comment des hordes de barbares ont-elles pu mettre à sac cet empire vieux de plus d'un millénaire ? Tout de même, les romains en avaient vu d'autres ! S'étaient-ils rouillés ?
Possible. Mais il y a une autre hypothèse à cette chute, qui en fait s'ajoute comme l'une des causes du déclin puis de l'effondrement de la puissance romaine.
Et, ô surprise : c'est une question de plomb. Un petit aparté tout d'abord sur le saturnisme.
Le saturnisme est une maladie correspondant à une intoxication aiguë ou chronique par le plomb. Elle provoque, même à très faible dose, une série de symptômes graves. Notamment des troubles neurologiques, avec réduction des capacités cognitives (difficulté de concentration, trouble de la mémoire), fatigue et comportement léthargique.
Revenons-en à notre antiquité. Les Romains, à l'apogée de l'Empire, utilisaient beaucoup de plomb, et partout : dans les couverts, comme conservateur ou pour adoucir les aliments et le vin, dans les produits cosmétiques, pour la fabrication des canalisations et par l'industrie(2). Vous voyez déjà où je veux en venir (3).
Oui, de là il n'y a qu'un pas pour accuser le plomb d'être l'un des facteurs de la désorganisation profonde qui frappait l'empire quelque temps déjà avant les invasions barbares.
Car, qui donc avait accès à des vaisselles en plomb ? Qui possédait l'eau courante qui coulait dans de belles canalisations ? Qui s'enduisait la tronche d'onguents à base de plomb ? Les riches et nobles romains. Le fœtus est particulièrement sensible à l'exposition au plomb, et il est certain que beaucoup de personnes étaient atteintes des symptômes du saturnisme. On sucrait même le vin à l'acétate de plomb ! Paraît que ça donnait un petit goût en plus.
Bref, les barbares avaient face à eux des débiles qui agitaient leur glaive sans vraiment pouvoir se défendre sérieusement. Paf, Rome était en feu, et c'était fini.
Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. Je précise toutefois que cette théorie ne fait pas l'unanimité, et reste une simple théorie. Mais je la trouve bien sympa, moi… ; )
On estime aujourd'hui que le niveau de production de plomb atteint à l'apogée de l'Empire romain n'a été dépassé qu'au début du XIXe siècle !