Hommes de la Terre. I) Slow Food
Connaissez-vous le Slow Food ?
Mangez bon, sain et juste.
Vous connaissez les fast food, hélas. Mais connaissez-vous Slow Food ?
— Est-ce une alternative à la malbouffe ?
— Oui, en partie. Mais ça va plus loin.
L'Italien Carlo Petrini fonde en 1986 un organisme éco-gastronomique, Slow Food, en boycottant l'ouverture d'un McDo à Rome. Slow Food compte aujourd'hui 100 000 membres dans 153 pays.
Selon C. Petrini : « L'objectif principal est de changer ce système alimentaire, parce que ce système est le responsable principal d'un incroyable désastre environnemental. »
L'agrochimie ayant engendré :
- moins 70 % de biodiversité végétale et animale depuis 100 ans ;
- perte de fertilité des sols, pollution des nappes phréatiques par élevages intensifs ;
- perte de notre culture du goût et du savoir cuisiner ;
- diabète, obésité, maladies cardiaques et vasculaires, cancers.
Ceci compris, l'organisme décidera de trouver et promouvoir des aliments sains : variétés locales, en harmonie avec leur milieu. L'étude en est faite par des scientifiques (en France : l'INRA). Une fois leurs composants et leur signature aromatique cernés, elles sont inscrites au patrimoine Sentinelles(1), produit d'excellence. Puis commercialisées.
Cet aspect, l'hygiène des corps, constitue le premier point. Le second vise les emplois et la vente.
D'une part, lutter pour ces produits d'excellence, tel l'oignon espagnol ou tel le fromage béarnais, et combattre la désertification rurale. D'autre part tant de paysans vendent à bas prix aux grossistes, qui se sucrent ; puis dans le plus simple cas revendent aux grandes surfaces, qui s'étant sucrées revendent bien cher les sucrines(2)…
Contre ce déséquilibre, Slow Food crée un système de distribution rapprochant les deux dindons de la farce : le producteur et le chaland.
Lorsqu'un produit d'excellence est labellisé Slow Food, l'organisme alerte les marchés et parvient à le faire vendre à un prix égal ou inférieur à celui des grossistes. Il souhaite que les consommateurs deviennent consommacteurs : citoyens acteurs de leur alimentation.
Slow Food naquit et siège à Bra, Piémont. Un salon bisannuel Terra Madre(3) (réseau mondial des producteurs membres) donne à découvrir, goûter, comparer, faire connaître ces comestibles. Slow Food, bien que contre-pouvoir, jouit d'appuis officiels ; une trentaine de plantes brevetées et entre les griffes de multinationales fournissant 80 % de l'alimentation…
À l'issue de cette biennale, Slow Food détermine la politique nutritionnelle du futur et rédige un manifeste. En 2004 naît à Bra, avec le concours du Piémont et de l'Émilie-Romagne, l'Università degli Studi di Scienze Gastronomiche. Pour offrir aux tenants de la biodiversité et de l'agrobiologie un centre mondial de recherche et d'apprentissage ; et pour instaurer un lien charnel entre terre et gastronomie.
— S'il vous plaît, dessine-moi un escargot.
— Tu ne veux pas un mouton ?
— Non. S'il vous plaît, dessine-moi un escargot.
— Tiens. Ça te va un petit escargot jaune ?
— Oui, c'est un vaillant escargot ! Tiens ? Il pointe ses cornes.