Le système immunitaire est, à première vue, chargé de protéger le corps contre les corps étrangers qui lui sont nuisibles (virus, bactéries et autres). Ainsi, les patients immunodéprimés (comme ceux atteints du SIDA) sont plus sensibles aux maladies dites opportunistes, qui profitent de la faiblesse des défenses immunitaires. Jusque là, c'est clair : le système immunitaire est nécessaire à la survie, mais, dès lors qu'il a un intérêt, à quoi peuvent bien servir les immunosuppresseurs produits par l'industrie pharmaceutique ?

Le cas le plus évident est celui des patients qui ont subi une greffe. En effet, l'organe reçu est considéré comme étranger au corps par le système immunitaire, qui tente alors de le supprimer. Donc pour soigner le patient, il faut affaiblir ses défenses et plus précisément les lymphocytes T et B afin d'éviter un rejet.

Mais il existe un autre cas : les maladies auto-immunes. Ce terme regroupe toute les maladies où le système immunitaire s'attaque à des tissus sains du corps. On retrouve dans ce groupe la sclérose en plaque (S.E.P.), la polyarthrite rhumatoïde mais aussi le diabète de type 1 (ou insulino-dépendant) ou encore le lupus cher au docteur House. Au total, 8 % de la population des pays développés est touchée. Il est à noter que l'on retrouve plus souvent ces maladies chez les femmes que chez les hommes (les femmes regroupent à elles seules 78 % des patients atteints de maladies auto-immunes).

Les causes de ces maladies sont encore peu connues, la prédisposition génétique étant le principal facteur de risque, mais l'exposition à des produits chimiques et le milieu jouent également un rôle.

Le fonctionnement d'une maladie auto-immune est généralement le même : pour une raison inconnue, les cellules du système immunitaire ne reconnaissent plus l'antigène(1) de tel ou tel tissu comme faisant parti du Moi(2). Dès lors, elles ont pour mission de l'éliminer et elles y mettent tout leur cœur : auto-anticorps et lymphocytes T4 détruisent peu à peu les tissus sains jusqu'à ce que l'organe ne puisse plus remplir sa fonction.
Si le principe de départ est semblables, les symptômes sont aussi différents que les types de cellules attaquées. Ainsi, chez le diabétique insulinodépendant, ce sont les cellules \(\beta\) des ilôts de Langerhans qui sont détruites ; dans le cas de la S.E.P. , ce sont les gaines de myéline entourant les neurones qui disparaissent.

La recherche sur les maladies auto-immunes est loin d'être terminée : beaucoup sont des maladies orphelines et ne sont donc pas assez rentables pour les gros groupes pharmaceutiques. Mais la médecine progresse peu à peu et la présence d'auto-anticorps a été établie dans certains cancers. C'est ainsi que la liste des maladies qualifiées d'auto-immunes est de plus en plus longue(3).


  1. (1) C'est-à-dire la carte d'identité de la cellule. Les exemples les plus connus sont ceux des groupes sanguins A, B et O.
  2. (2) Le terme regroupe toutes les cellules saines du corps et comprend aussi certaines bactéries, comme par exemple celles de l'intestin.
  3. (3) Voir Wikipedia pour la liste complète.