La nuit venait de tomber, la chaleur de l'été s'estompait à mesure que l'obscurité gagnait la ville. Il attendit, aux abois. Les robots le guettaient, il le savait, mais il lui fallait pourtant sortir pour trouver de quoi se nourrir. Depuis la Révolte de 2042, il ne faisait pas bon être un humain. La lutte avait été rapide, quelques jours à peine, mais elle s'était faite sans merci. Les robots avaient entrepris une destruction méthodique de l'humanité. Les uns après les autres, ils s'étaient soulevés. Ils étaient plus nombreux, plus puissants, plus rapides, plus déterminés. Ainsi s'était achevé le règne de l'humanité, le créateur dépassé par sa création, l'homme détruit par le robot. En repensant à la Révolte et à la mort des siens, il se sentit vaciller mais se reprit, il lui fallait maintenant sortir de son refuge. Il se glissa dans l'ombre mais il était déjà trop tard. La lune révéla un reflet métallique, quelques secondes plus tard l'homme s'écroulait sans vie.

— Domitille

La révolte des robots est un sujet très prisé des romans de science-fiction. Fatigué de voir encore et encore la créature détruire son créateur, l'écrivain Isaac Asimov énonça en 1942 dans sa nouvelle Cercle vicieux (Runaround) trois lois supposées empêcher les robots d'anéantir l'humanité.

  • Première loi : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
  • Deuxième loi : un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la première loi.
  • Troisième loi : un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'est pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

Quelques années plus tard, Asimov ajoute une nouvelle loi qui prime sur les trois autres : la loi zéro. Cette loi suprême s'énonce de la façon suivante :

  • « Zéroième » loi : un robot ne peut blesser l'humanité ou, par son inaction, permettre que l'humanité soit blessée.

Cette loi introduit une grande nouveauté : la primauté de l'humanité entière sur un être humain qui n'apparaissait pas dans les autres lois. Un robot a désormais le droit de tuer un être humain qui mettrait en péril l'humanité. Les robots pourraient donc éliminer des dictateurs, par exemple.
Cette loi entraîne cependant de grandes questions éthiques, auxquelles cet article n'essayera pas de répondre, dont l'une des principales est de savoir à partir de quand on peut vraiment considérer que la mort d'un homme est bénéfique pour l'humanité.

Les trois lois de la robotique – qui, comme les trois mousquetaires, sont vous l'aurez compris au nombre de quatre –, proviennent de romans et ne sont aujourd'hui pas des lois régissant officiellement la robotique. Elles énoncent cependant les idées principales sur lesquelles sont fondées les réglementations de la robotique.