Un mouchoir pour s'instruire : le mouchoir militaire d'Instruction
Mouchez-vous dans le manuel !
Tout fidèle lecteur ominilogiste sait qu'il n'a parfois qu'un mouchoir pour pleurer. Mais toujours désireux de s'instruire, il pourrait aussi trouver dans une salle des ventes ou sur un site en ligne, voire dans les malles du grenier de sa grand-mère, un mouchoir qui pouvait être fort utile à ses ancêtres : il s'agit ici des mouchoirs militaires d'Instruction.
En une époque où le français n'était d'une part pas reconnu ni connu comme langue nationale, et d'autre part pas lu par la majorité des personnes l'utilisant, il était venu à l'idée de certains d'utiliser des mouchoirs illustrés traitant de divers thèmes de la vie quotidienne, d'hygiène ou de politique.
En 1872, la conscription générale est mise en place pour tous les citoyens mâles français(1), et se pose alors la question de la formation civique et surtout militaire de nos valeureux soldats.
Si celle-ci est dispensée oralement lors des périodes militaires, tout bon élève sait qu'il est utile de recourir à l'écrit pour d'ultérieures révisions.
L'idée naît alors d'utiliser comme mémento ce qui se trouve dans toute poche du bon combattant : son mouchoir. C'est une circulaire du 29 novembre 1880 du ministre de la Guerre qui officialise ce carré de coton de 70 cm de coté. 10 modèles d'instructions – de fait 13, puisqu'il existe un 1 bis, un 4 bis et un 9 bis ! – sont ainsi validés :
- N°1 : Démontage remontage du fusil Chassepot modèle 1866.
- N°1bis : Démontage remontage du revolver 1873.
- N°2 : Démontage remontage du fusil 1874 (Gras).
- N°3 : Cavalerie instruction sur le cheval.
- N°4 : Démontage remontage de la carabine de Cavalerie 1890.
- N°4bis : Instruction pour le paquetage.
- N°5 : Artillerie de Campagne.
- N°6 : Aide mémoire du réserviste.
N°7 : Secours aux blessés, hygiène.
- N°8 : Placement des effets.
- N°9 : Fusil 1886 (Lebel).
- N°9bis : Fusil 1886 modifié 1893 (Lebel).
- N°10 : Pont militaires – Passage des rivières.
Cet élément, aussi appelé mouchoir rouennais avait donc plusieurs fonctions : s'il pouvait servir de mouchoir, il était donc aussi mémento technique, mais encore foulard de cou ou, plié en triangle, attelle de membre blessé au combat ou à l'entraînement.
Ils ont d'abord été imprimés par les établissements Ernest Renault à Darnétal, et gravés par l'atelier rouennais de gravure d'Alfred Buquet ; les textes sont du commandant Perrinon de la garnison de Rouen, ce qui explique leur nom de mouchoirs rouennais.
Ils étaient imprimés d'une encre bien évidemment très résistante, qualité manifeste puisqu'il sont encore parfaitement lisibles(2). Certains modèles en soie seront imprimés à Lyon comme il se doit !
Ces mouchoirs ont une devise commune : fais ce que dois, advienne que pourra et tu seras pour tous un bon citoyen, bon soldat et honnête homme.
Atchoum ! À vos souhaits…