Tout le monde n'a pas la « chance » d'être français et de s'appeler René Martin. Il y a aussi les autres, les étrangers. Et ceux-là, ils ne se gênent pas pour orner leurs patronymes de « h » inutiles autant qu'irritants, de « k », « z » et « w » en veux-tu en voilà, tout en faisant preuve concernant les voyelles simples telles que « a », « e » et « i » d'une avarice que certaines âmes enfantines n'hésiteraient pas à qualifier de « picsoulienne »(1).

Bref, vous l'aurez compris, impossible parfois de s'y retrouver. Heureusement pour vous, voici une petite(2) liste des plus gênants d'entre eux.

  1. Les Russes : leurs noms semblent barbares à nos oreilles délicates, et plus encore à nos délicats yeux, pour une raison très simple : ils sont transcrits depuis l'alphabet cyrillique. Or, certaines lettres cyrilliques s'écrivent avec l'alphabet latin en recourant à plusieurs lettres (« tch », « iou », « ts »…)

    • Nikita Khrouchtchev : n'oubliez pas le « h » après le « k », ni le « h » après le « c », ni le « h » après le deuxième « c ». À part ça, pas de problème…
    • Sergueï Soljenitsyne : ça s'écrit comme ça se prononce : difficilement.
    • Tchaïkovski, Stravinski, Trotski : jamais de « y » à la fin !
  2. Les « h » qui gênent :

    • Mendelssohn : oui, je sais, d'habitude, les noms comme ça se terminent en « son ». Et bien là, non.
    • Lindbergh : oui, je sais, d'habitude, les noms comme ça se terminent en « berg ». Et bien là, non.
    • Fahrenheit, Kadhafi, Khomeyni, Pythagore, Thatcher, Oppenheimer, Eisenhower, Toutankhamon : attention aux « h » insidieusement placés au milieu de ces noms, là où on les attend le moins, par quelque volonté malveillante, dans le but évident de nous faire perdre des points pour nos contrôles d'Histoire…
    • Ocatarinetabellatchitchix : ici, en revanche, pas de « h » entre le O et le Catarineta, alors qu'on aurait pu en attendre un. Ici aussi, nous pouvons sentir la présence d'une volonté malveillante(3).
  3. Les inclassables :

    • Nietzsche : comme toute personne passée par la case « cours de philo » le sait, Nietzsche est Allemand. En conséquence, son nom ne s'écrit pas Nitche, comme notre esprit fièrement francographe(4) aurait pu le penser…
    • Merckx et Daeninckx : les mauvaises langues diront : « À quoi servent le “c” et le “k” ? ». Les encore plus mauvaises langues répondront : « Cherche pas, c'est les Belges… ».
    • Reinhardt : ah, les douces sonorités de la langue germanique…
    • Liszt : écrire « List » eût été tellement simple. Mais voilà, les Hongrois étant ce qu'ils sont, un petit « z » s'est glissé là où il ne servait strictement à rien.
    • Gershwin : le croirez-vous ? George Gershowitz, trouvant son nom trop compliqué pour le public américain, décida de le changer. Que choisit-il ? Gershwin. De toute évidence, il n'a pas pensé à son public français.

Cependant, étant des gens pleins d'humilité et de lucidité, nous sommes bien conscients qu'il n'est parfois point besoin d'aller très loin pour trouver des noms orthographiquement déstabilisants. Nos manuels d'Histoire de France regorgent de ces perles, dont nous parlerons peut-être un jour dans un autre article…


  1. (1) Ou « picsienne », on peut dire les deux.
  2. (2) Et que je ne m'avancerais certes pas à qualifier d'exhaustive, ce qu'elle n'est en aucune manière. Un peu d'humilité, que diable.
  3. (3) Mais rassurez-vous, en principe, on ne vous demandera pas ça en contrôle d'Histoire. En principe.
  4. (4) Si si, ça existe. Ou en tout cas, ça devrait.