Martini, Rossi et Sola ; bref, le Martini
Quelle est l'histoire du Martini ?
Le fidèle lecteur omnilogiste sait bien que le génie commercial allié au génie créatif favorise les affaires(1)…
C'est ainsi qu'en Italie un certain Alesandro Martini battait le pavé pour vendre avec succès les vins turinois de la cave « passione di Chieri ».
Mais voilà qu'en 1863, il acquière avec Luigi Rossi, passionné de botanique et herboriste bucolique, la « distilleria nazionale di spirito di vino », aidés de Teofilo Sola, assurant la comptabilité. La marque « Martini, Sola & Cie » est née…
Elle deviendra « Martini & Rossi » au décès de Sola, en 1879 et enfin « Martini » en 1926.
Luigi Rossi produisait un vermouth, mélange de 75 % de vin du secteur et diverses plantes aromatiques, amères pour la plupart, connu de longue date chez les Allemands(2).
Il veut faire mieux ; voici qu'il y adjoint en cette année d'acquisition citron, framboise, gentiane, iris, cannelle, noix de muscade, fraxinelle, armoise, vanille, camomille, etc. , bref, pas moins de 40 plantes au dosage exact toujours secret à ce jour.
Pendant ce temps, rappelons que Martini développe avec succès les ventes et sort même des frontières en ce début du XIXe siècle qui s'ouvre sur le monde. Voilà que le Martini s'exporte à New-York en 1867, et qu'il est déclaré fournisseur officiel des royautés en Italie et au Portugal. Autre idée, produire sur chaque continent la précieuse boisson et c'est donc dans pas moins de 70 pays que le breuvage est consommé.
Reconnaissance du peuple donc, mais aussi reconnaissance du Ciel : le Martini est ainsi reconnu en 1907 « digne d'être utilisé comme vin de messe car conforme aux prescriptions Canoniques » par le Cardinal turinois Richelmy, sans doute un peu chauvin sur ce coup-là !
Les trois fondateurs décédés, l'affaire est reprise par les 4 fils Rossi, qui sont alors faits comtes de Montelera par le pouvoir local. Pie XI lui-même accorde sa bénédiction papale(3) en 1931.
En 1992, la marque n'est plus familiale, puisqu'elle est cédée à un géant de l'agroalimentaire.
La technique d'élaboration est particulière et fastidieuse : trois semaines de macération dans l'alcool en tambour pour nombre de plantes, mélange dans ¾ de vin, nouvel apport de plantes diverses, refroidissement rapide à -8° puis nouveau dépôt en cuves durant quelques semaines. Ne reste alors plus qu'à coller la célèbre étiquette sur la bouteille emplie du précieux liquide.
140 millions de bouteilles produites annuellement, à boire très fraîches. Notamment en Espagne, premier consommateur avant la France. De fait, l'Italie n'arrive qu'en troisième position.