Made in France
À partir de quand un produit peut-il être estampillé « made in France » ?
Tout bon omnilogiste qui se respecte vénère la langue française, et en bon citoyen ne pourra que chercher à privilégier l'achat de produits français(1). Acheter français dites-vous ? Les choses ne sont parfois pas si simples et les apparences trompeuses…
Et d'ailleurs, à partir de quand un produit peut-il être estampillé « made in France » ? Quel pourcentage du produit doit être issu du territoire ? Où le produit doit-il être manufacturé ? À l'heure de la mondialisation, et de la provenance multiple des matières premières, ou du vagabondage international du produit en cours d'élaboration, bien malin qui peut le dire ! Certains se retranchent derrière un siège social en France – et à Paris même, souvent : c'est plus « vendeur ».
Il faut donc une dose de subjectivité pour se prononcer, et procéder à un examen minutieux de la chaîne de fabrication du produit.
Apparences trompeuses, disions-nous ?
Prenons quelques exemples à la Prévert, sans logique particulière : faut-il seulement parler des célèbres couteaux Laguiole dont la marque n'a jamais été protégée correctement, et dont la (très mauvaise) qualité saute aux yeux dès le déballage ? Même les derniers d'entre eux fabriqués en France utilisent souvent lames en acier suédois ou manches en bois exotiques.
Pour l'automobile, la situation est très complexe : les marques françaises construisent majoritairement leurs gammes de véhicules à l'étranger (les futures Clio seront turques), alors même que Ford fabrique massivement en France, ainsi que Toyota (un peu moins de 300 000 Yaris, avec 3 000 salariés) : allez trouver une logique dans tout cela !
Qui veut privilégier les produits français ne pourra donc pas consommer Big Mac et Coca-Cola ? Eh bien si : 80 % des produits alimentaires utilisés par la célèbre marque de hamburgers proviennent de France, score qui monte à 95 % pour le Coca Cola, avec sept sites de fabrication. Et ce depuis… 1919 !
Au moins, avec la Vodka, on est sûr d'acheter étranger ! Que nenni derechef : l'une des marques les plus huppées et recherchées – la Grey goose, avec son petit drapeau tricolore, pour ne pas la citer – est produite à… Cognac en Charente, avec blé français et eau de source de la région champenoise.
Continuons dans les productions locales traditionnelles : quid de la lunetterie jurassienne ? Si la plupart des marques n'ont gardé que leur siège dans cette région, Atol (les opticiens) produit toujours 75 % de ses produits localement.
Mieux que les voitures Norev, qui ne sont plus produites en région lyonnaise de longue date… ni les Majorette. Meccano, en revanche, effectue un retour progressif sur ses terres d'origine, plus de la moitié de la production étant de nouveau tricolore.
La plasturgie a dramatiquement souffert de la concurrence internationale, et des prix cassés par une main d'œuvre souvent exploitée. Le stylo Bic a quant à lui assez bien résisté, étant toujours fabriqué en France (ce qui n'est pas le cas pour la plupart du reste de la gamme Bic), ainsi d'ailleurs que la papeterie : Clairefontaine dans les Vosges, Canson en Ardèche, Lefranc & Bourgeois dans la Sarthe, Oxford en Normandie, etc.
Que dire de l'électroménager ? Terraillon, nom bien français… n'a de français plus que le nom ; le reste est chinois. Seb résiste tant bien que mal, notamment dans la région de Dijon, avec 40 % de production hexagonale.
Jusqu'aux hosties de Lourdes, grandement menacées par la concurrence polonaise : 36 monastères français embarrassés. Mais, Dieu merci(2), la conférence épiscopale des évêques de France a sonné le rappel.
… le jour de gloire est arrivé
?…