Derrière ce nom mystérieux se trouve la réponse à la question que vous vous êtes tous déjà posée en discothèque : « Mais comment ils font pour que ces lumières tournent et éclairent en même temps ? ». Car ces superbes machines, pouvant coûter entre 500 et 10 000€, ne sont rien d'autre que des robots, et qui dit robot dit contrôle.
Or, comment envoyer des informations précises à des machines avec le minimum d'encombrement ? Il faut savoir que les câbles de transmission ont des fiches (embouts) dites en XLR 3 ou 5 broches (les mêmes que vous trouverez sur de nombreux micros ou enceintes), ce sont donc des câbles également utilisés pour envoyer du son ! De la même manière, un signal électrique est émis depuis le contrôleur (on y reviendra plus tard) : il est composé de 0 et de 1, et tout réside dans l'espacement dans la durée de chaque information(1).
Nous venons de comprendre la signification de la première lettre : D pour Digital !
Les deux autres lettres signifient MultipleX, car toutes les informations ne sont pas destinées à la même machine(2). Le signal est donc multiplexé. C'est très gentil tout ça me direz-vous, mais ça mène à quoi ? C'est une excellente question que je vous remercie d'avoir posée, et à laquelle je vais m'efforcer de répondre dans le paragraphe suivant, qui s'intéressera à ces fameux robots.

Que faut-il contrôler dans un robot pareil ? Tout d'abord, l'intensité de la lampe, puis la direction du faisceau, sa couleur, et enfin sa forme. Ces différentes informations sont réparties en canaux. Accrochez-vous, et prenez une feuille de papier : dessinez cinq segments parallèles et gradués. Ce sont vos canaux :

  • le premier, par exemple, contrôle l'intensité de l'éclairage : la valeur 0 équivaut à l'extinction de la lampe et la valeur 100 à l'éclairage maximal
  • le deuxième canal contrôle l'axe vertical de rotation (O pour « tout en bas », 100 pour « tout en haut »)
  • le troisième l'axe horizontal
  • le quatrième les filtres dichroïques
  • le cinquième les gobos.

Hein ? Késako ? Les filtres dichroïques sont des feuilles de couleurs qui résistent aux températures extrêmes(3) et qui sont disposés sur une roue, la valeur indiquant leur position : de 0 à 20 c'est blanc, de 20 à 40, bleu, de 40 à 60 c'est rouge, etc. Les gobos sont des disques de métal dans lesquels ont été découpées des formes (des textes, des dessins ou tout ce qui vous passe par la tête) et sont indexés de la même manière. Ajoutez un canal à votre dessin pour l'effet stroboscopique, qui fera fonctionner un petit volet(4) et un dernier canal dit « blanc », qui permet de faire passer les informations non destinées à la machine aux autres projecteurs asservis.

Les contrôleurs DMX fonctionnent de la même manière que votre feuille, ils sont munis de gradateurs verticaux qui permettent de contrôler chaque canal de chaque robot. Une fois que vous avez défini la position, l'éclairage, la couleur ou la forme (liste non exhaustive !) de votre projecteur, et fait de même pour tous les autres que vous asservissez, vous pouvez vous estimer heureux, car vous avez créé un « pas » ! Comme un pas de danse oui, les mouvement des machines ne sont que l'enchaînement plus ou moins rapide de différents pas, qui permettent de créer une « scène ».
Donc pour créer une scène de 16 pas, avec 4 projecteurs de 6 canaux chacun (faisons simple pour le moment), vous avez dû régler \(6 \times 4 \times 16\), soit 384 valeurs ! Qui a dit que c'était simple ?

Le paragraphe qui suit concerne l'adressage des machines, ou comment faire en sorte que le bon signal soit acheminé et interprété par la bonne machine ? Le contrôleur peut envoyer des signaux sur 512 canaux différents, comme notre machine en demande 6, nous lui assignons les canaux 1 à 6, pour faire ceci, nous disposons d'interfaces sur les machines (via des petit leviers, ou par écran LED) qui permettent de définir les canaux qu'elle acceptera. Pour vous donner une idée de la tête de ce contrôleur, il vaut mieux une photo.

Exemple de contrôleur

Sélectionnez votre premier scanner (un type de machine), utilisez les six premiers canaux, et contrôlez-le pour définir un pas ; pour le second, vous utiliserez les canaux 7 à 13, afin de ne pas entrer en interférence avec le premier. Faites ainsi de suite jusqu'à création de votre pas avec toutes vos machines !
Au fait, je ne vous ai pas encore parlé des banques, qui sont des regroupements de scènes, par paquet de seize. Sur le contrôleur en photo, vous en avez six, ce qui veut dire que ce contrôleur aura au maximum en mémoire \(384 \times 6\) = 2304 valeurs !

Pour la fin, un petit lexique du matériel d'éclairage :

  • Scanner : un projecteur asservi dont la lampe vise un miroir rotatif. Ce miroir peut être plat ou être un cylindre à facettes. Exemple : Martin MX10.
  • Lyre : la lampe est montée sur un U, lui-même monté sur un axe rotatif. Exemple : Martin Mac250.
  • Mushroom : projecteur à la forme d'un champignon, la tête est parsemée de filtres de couleur. Au choix, soit la tête tourne devant la lampe, soit la lampe bouge à l'intérieur. Exemple : Kool Light mushroom.
  • Moonflower : projecteur à gobos ou à filtres dichroïques dont le faisceau est reflété sur un miroir à facettes pour donner un effet « tunnel ». Les versions LED sont simplement une multitude de diodes dont les points sont grossis par une lentille rotative. Le contrôle sert alors à sélectionner les LEDs allumées et la rotation de la lentille. Exemple : Chauvet VUE.
  • Derby : projecteur semblable au mushroom, mais de la forme d'un trapèze arrondi dont la base est séparée en lentilles dichroïques. La lampe interne est contrôlée pour choisir l'angle à éclairer. Exemple : Starway Neptune.
  • Stroboscope : projecteur doté d'une lampe à décharge (comme les flashs d'appareils photos). Seul le nombre de décharge par seconde est contrôlé. Exemple : Martin atomic3 000.

Maintenant, quand vous arriverez en soirée, vous pourrez étonner tous vos amis en leur sortant « Tiens, elle en jette cette lyre, je te parie que c'est la 250 wash ! ». Enfin, ceci voudrait dire que vos amis ne connaissent pas Omnilogie, et vous serez alors dans l'obligation de leur présenter ce magnifique site !


  1. (1) Le taux de rafraîchissement de l'information est de l'ordre de 44,03 hertz, et on compte 250 000 bits (Soit O soit 1) par seconde.
  2. (2) Vu qu'un seul contrôleur peut gérer 32 robots différents, on ne va quand même pas tous les brancher dessus, le but originel étant l'économie de câbles !
  3. (3) Une ampoule de 1 200 watts, ça vous cuit votre œuf sur le plat en dix secondes chrono !
  4. (4) Les vrais stroboscopes utilisent le même système que les les flash d'appareil photo, impossible à reproduire sur ces machines