L'huissier
D'où vient le mot « huissier » ?
Que le fidèle lecteur omnilogiste ne s'inquiète point trop, il n'est pas ici question d'étudier en détail cette profession qui peut amener à voir un quidam toquer à l'huis dès potron-minet, mais tout simplement de s'intéresser à l'origine du mot « huissier ».
Et comme souvent dans nos articles quotidiens, la réponse est parfois assez simple, ce qui n'empêche pas de pouvoir l'énoncer !
Car l'explication figure déjà dans les lignes supra : on aura bien compris que huissier et huis sont intimement liés. D'ailleurs autant que portier et porte. Mais si porte est un nom féminin, alors que l'huis est masculin, les fonctions sont aussi différentes. Le portier est là pour ouvrir la porte, l'huissier pour la garder et en contrôler l'accès.
Le mot « huis » est issu du latin « ostium » pour « ouverture ».
On trouve dans les documents d'archives féodales le nom « d'Hostarii » en parallèle des sergents de ville et des bedeaux (laïcs plus spécifiquement attachés à l'autorité ecclésiale), les premiers et les derniers délivrant les assignations aux parties aux procès – civils ou religieux – afin de comparaître le jour des audiences.
Les seconds quant à eux ont des missions de maintien de l'ordre public dans les rues de Paris. Mais huissiers et sergents ont un fonctionnement comparable, règlementé par Saint Louis puis Philippe le Bel. Les ordonnances de 1302 et 1309 établissent les sergents et les huissiers au Châtelet(1) de Paris, à pied dans Paris et à cheval à l'extérieur.
Tous les rois, princes ou seigneurs faisaient donc placer aux portes stratégiques de leurs palais des hommes en armes pour en contrôler les accès. Ainsi étaient nées le nom et la fonction d'huissier.
L'un des plus célèbres utilisateurs d'huissiers en armes est Jean sans Peur, duc de Bourgogne après l'assassinat de son cousin, frère du roi, Louis d'Orléans en 1407. Craignant des représailles, il emploie dans les palais où il vit en reclus nombre d'huissiers répartis dans les escaliers, couloirs et coursives.
La fonction moderne perdure dans les cabinets ministériels ou présidentiels, et dans les assemblées parlementaires, où l'on trouve maintenant de plus pacifiques huissiers, qui ont perdu l'arme de leurs ancêtres tout en ayant souvent conservé le port d'une chaîne(2), parfois avec une médaille à l'effigie de l'autorité, symbole de leur attachement à cette dernière, qui les emploie. Et rien à voir avec la chaîne parlementaire citée dans cet omnilogisme !
L'histoire a fait évoluer cette fonction dans plusieurs directions ; s'il reste bien l'huissier « classique » comme on vient de le voir, il y a aussi l'huissier-audiencier aux portes des tribunaux, pour introduire les témoins et assurer la police des audiences sous l'autorité du Président de la chambre, de même que la profession d'officier ministériel : huissier pour la notification et l'application des actes décisions de justice.
Mais peut-être avez-vous lu cette article avec la porte de votre chambre ou de votre bureau fermée ? L'huissier vous dirait que c'était alors à huis clos !