Il était une fois les rats Neotoma lepida du désert des Mohaves.
Il y a environ 15 000 ans, la région du désert des Mohaves (qui se situe au Sud-Ouest des États-Unis) s'est brusquement réchauffée entraînant de fait une modification de la végétation et, en particulier, la disparition des genévriers. Le problème, c'est que ces arbres constituaient la principale nourriture des rats Neotoma. Ceux-ci ont survécu et des scientifiques se sont demandés comment ces petits rongeurs ont réussi à s'adapter.

Il s'est avéré que les actuels rats Neotoma lepida vivant dans le désert des Mohaves consomment des créosotiers, plantes qui ont supplanté les genévriers et qui contiennent des substances toxiques. L'analyse des gènes de biotransformation (qui sont responsable de l'élimination de produits toxiques par le foie) a mis en évidence 24 gènes grâce auxquels ces rongeurs peuvent se nourrir de feuilles de l'arbuste sans risque. Ces gènes ne sont pas exprimés chez les rats Neotoma qui ont migré dans la région du Grand Bassin, région où les genévriers sont toujours présents.
Par exemple, le gène de la superoxide dismutase, une enzyme qui élimine les radicaux libres délétères produits par l'organisme, est beaucoup plus actif chez les rats du désert des Mohaves que chez ceux du Grand Bassin.

Le rat Neotoma lepida a ainsi pu rester dans le désert des Mohaves en modifiant son code génétique, en s'adaptant de ce fait à son nouvel environnement et à son nouveau régime alimentaire.