Des orties sous stéroïdes
Connaissez-vous la reine des orties ?
Vous vous êtes probablement déjà baladé dans un champ de notre campagne française, maugréant de vous être fait piquer par une ortie qui poussait tranquillement sur le bord du chemin ?
Voici de quoi relativiser. Il existe en Australie la plante la plus virulente de la famille des urticants : dendrocnide moroides – ou son surnom local : « gympie gympie ».
Ses piqûres sont extrêmement violentes ; un simple frottement sur la main suffit à déclencher des vomissements de douleur(1).
Le gympie gympie peut grandir jusqu'à deux mètres, avec de larges feuilles plates. Son habitat est très limité et la plante est en voie de disparition.
Ce qui n'est pas plus mal : il s'agit d'une des plantes les plus craintes de la planète. Contrairement aux orties, les feuilles ne sont pas l'unique danger ; seules les racines ne sont pas équipées des minuscules aiguilles qui viennent se loger sous la peau. La moindre pression sur ces ampoules de silice insérées suffit à déclencher une forte douleur, « comme la sensation d'être brûlé ». Et pour longtemps ; tant que les aiguilles sont sous la peau, la douleur continue de stimuler le système lymphatique. Au point d'avoir déjà tué hommes, chevaux et chiens en quelques heures.
Même pas besoin de toucher la plante, la simple proximité suffit, car elle perd des microscopiques poils en permanence. Les scientifiques assez courageux pour étudier cette plante supposent qu'il s'agit d'un mécanisme de défense pour éliminer les concurrents et s'assurer plus de soleil. Mais étudier la plante en détail est un calvaire : les botanistes toussent et saignent du nez en s'approchant simplement de la plante. Même des spécimens vieux de plusieurs années continuent de piquer.
Les légendes autour de la plante sont légion. Un homme, tombé dans un buisson durant la seconde guerre mondiale, aurait été attaché à un lit d'hôpital, hurlant, pour trois semaines. Un autre, piqué à la poitrine, aurait ressenti des douleurs pendant deux ans à chaque douche froide. Les histoires d'horreurs associées sont nombreuses, à tel point que l'Armée Britannique a récupéré des échantillons dans les années 60 pour tenter de créer une arme chimique. Aucune nouvelle de ce côté-là… ce qui est en-soi inquiétant.
Ironiquement, la plante produit un fruit comestible, mais sa consommation est complexe. En effet, le fruit doit être débarrassé de toutes ses épines en le frottant contre des torchons (qui doivent ensuite être lavés, voire brûlés), puis il faut s'assurer qu'il ne reste aucune aiguille en frottant le fruit avec la main. Une opération qui requiert des nerfs d'acier pour un résultat, somme toute, décevant, le fruit étant sans saveur.
La plante étant persona non grata un peu partout sur la planète (seuls quelques marsupiaux et oiseaux semblent immunisés aux piqûres), elle est en voie de disparition. Avis aux militants Greenpeace, elle cherche un nouveau terrain d'accueil… pourquoi pas en pot sur votre table de nuit ?
- (1) ↑ Une légende raconte qu'un homme qui s'en serait servi pour s'essuyer après avoir fait ses besoins se serait tiré une balle dans la tête pour abréger ses souffrances. Mais ce n'est probablement qu'une légende.