Les poisons (3) : le cyanure et le plus gros suicide collectif
Comment fonctionne le cyanure sur l'être humain ?
Avant de lire cet article, assurez-vous d'avoir lu l'épisode précédent !
18 novembre 1978 : Guyane. Pour fuir la pression des médias et des États-Unis, le gourou de la secte le temple du peuple ordonne à tous ses fidèles de boire un potion contenant du cyanure. Cet événement est considéré comme le plus gros suicide collectif de l'Histoire. Plus de 900 personnes y perdirent la vie.
Cette introduction – certes déprimante – nous montre les ravages que peut engendrer le cyanure : 200 mg de cyanure de potassium suffisent à donner la mort en moins d'une minute. Mais qu'est ce qui le rend aussi efficace ?
Le cyanure, que l'on trouve fréquemment en laboratoire sous la forme de cyanure d'hydrogène (\(HCN\)) ou de cyanure de potassium (\(KCN\)) possède la particularité de se fixer très facilement sur les atomes de fer. Or cet atome joue deux rôles très importants dans l'organisme : d'une part le transport de dioxygène dans le sang et d'autre part la combustion du dioxygène dans les cellules.
Ainsi, la première conséquence de l'absorption ou de l'inhalation de cyanure est, comme pour l'intoxication au monoxyde de carbone, une baisse de la quantité d'oxygène dans le sang. Cela provoque vertige et palpitation. Mais le cyanure va plus loin : en se fixant irréversiblement sur les enzymes responsables de la combustion de l'oxygène dans les cellules, celles-ci perdent leur principale source d'énergie. Des organes comme le cerveau et le cœur s'arrêtent : c'est le coma et l'arrêt cardiaque.
Vous l'aurez compris, le cyanure est extrêmement violent. Le remède l'est donc encore plus : on fait inhaler en urgence (sinon c'est la mort en une minute !) au patient du nitrite d'amyle, qui, essentiellement, va détruire une partie des hémoglobines, en libérer le fer qui va pouvoir alors fixer plusieurs molécules de cyanure simultanément, libérant ainsi les sites de combustions du dioxygène dans les cellules. Il faut alors une hospitalisation tout aussi rapide, car l'intoxiqué a alors perdu une grande partie de ses globules rouges à cause du traitement.
La seule « défense » que l'on possède face à ce poison est son odeur d'amande amère, si chère à Agatha Christie. Mais, contrairement à ce qui est dit, il est souvent déjà trop tard !