La Révolution française de 1789 a amené son lot de têtes décapitées et de bouleversements en tous genres. Une ère nouvelle est arrivée : faire table rase du passé semble être le mot d'ordre, et un tel mot d'ordre peut avoir des conséquences inattendues !
C'est l'astronome Lalande qui propose le premier une étrange idée : changer de calendrier. Le calendrier grégorien avait été adopté en 1582 pour se caler au plus près du rythme solaire. Mais il a un gros défaut aux yeux des révolutionnaires : non seulement il a été mis en place par la papauté (l'adjectif « grégorien » provient d'ailleurs du nom du Pape Grégoire XIII), mais il fait en plus un rappel inacceptable à la théorie biblique des origines du Monde.

Le nouveau calendrier sera donc laïc ou ne sera pas ! Un des membres du Comité d'instruction publique explique d'ailleurs dès 1793 sa volonté de mettre fin à « l'ère de la cruauté, du mensonge, de la perfidie et de l'esclavage ». Que de grandes ambitions pour un simple calendrier !
Exit donc la semaine de 7 jours, place aux décades ! Et chaque jour de la nouvelle « semaine » portera un nom totalement neutre : primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi, decadi (formé à partir du mot latin dies qui signifie jour).

La réforme ne s'arrête pas là ! Pourquoi s'arrêter en si bon chemin, je vous le demande ? Ainsi, chaque jour comportera maintenant 10 heures et non plus 24, chacune d'entre elles étant subdivisées en 100 minutes de 100 secondes chacune… Voilà de quoi en déboussoler plus d'un ! Cette « décimalisation du temps » prévue par le décret du 4 frimaire an II ne sera d'ailleurs jamais vraiment appliquée, même par les Républicains les plus chevronnés.

Thermidor

Les mois ne sont pas en reste ! Exit donc les traditionnels janvier, février, etc. Place aux noms des mois inventés par le poète Fabre d'Églantine ! Et il faut avouer que ce dernier a fait du beau boulot en proposant de nouveaux noms tout droit inspirés de la nature et du cycle des saisons. Parmi eux, vous en connaissez forcément au moins un, rendu célèbre par le titre du roman d'Émile Zola…
Vendémiaire, brumaire, frimaire, nivôse, pluviôse, ventôse, germinal, floréal, prairial, messidor, thermidor, fructidor : tous ces jolis mots ne peuvent que titiller notre fibre poétique ! Les 12 mois de l'année se composent maintenant tous de 30 jours chacun. Les 5 jours manquants (30 jours x 12 mois = 360… et non 365. C'est bien, vous suivez.) pour boucler l'année solaire sont ajoutés à la fin du douzième mois de l'année. Ces 5 jours n'appartiennent à aucun mois et portent un nom bien particulier : les sans-culottides.

Décret de la Convention nationale pour l'instauration du calendrier républicain

Enfin, pour clore en beauté cette réforme du calendrier, il est bien sûr décidé de supprimer toutes les fêtes religieuses chômées… Elles sont remplacées en partie par quelques jours fériés laïques comme « les sans-culottides » dont nous avons parlé un peu plus haut. Forcément, cette partie de la réforme ne fait pas que des heureux dans les classes populaires ! Sans compter que le dimanche n'existant plus, il est remplacé par le decadi, ce dernier n'ayant lieu que tous les 10 jours !

Ce nouveau calendrier républicain commence le 22 septembre 1792. Il ne survivra pas bien longtemps et sera aboli le 22 fructidor an XIII (c'est-à-dire le 9 septembre 1805) par Napoléon. Et voilà notre bon vieux calendrier grégorien (pourtant pas exempt de défauts) qui effectue son retour glorieux dans les chaumières !