Bonjour à tous, vous savez maintenant pourquoi les fantassins haïssent les pilotes… Mais savez vous comment se battaient ces derniers ?

Heureusement, je suis là pour corriger cette lacune dont vous n'aviez sans doute même pas soupçonné l'existence. Pour une meilleure compréhension de l'article je vous demanderai de vous mettre dans la peau d'un jeune français des années quarante. Comme (presque) tout le monde, vous cherchez la gloire… et puis piloter un Spit c'est franchement la classe. Donc vous allez au bureau de recrutement et vous demandez l'escadron « Alsace ». Et là miracle, on vous annonce qu'une place vient de se libérer. Alors pendant un mois vous allez apprendre à conduire cette machine de zinc et de fer. C'est simple et vous passez le brevet avec mention et tout et tout. Vous montez au front avec votre bel uniforme et au volant d'un superbe Supermarine Spitfire MkV. Malheureusement, un brouillard se lève et vous perdez vos coéquipiers. Vous continuez quand même votre route au-dessus de la Manche. Soudain vous distinguez un avion ennemi… Mais comment l'approcher ?

Vous vous souvenez alors de vos cours et vous vous placez entre lui et le soleil. Peu à peu vous vous rapprochez puis tirez, de toutes vos mitraillettes. Le cockpit explose et l'avion part en vrille : victoire ! Pourtant votre cible redresse mille pieds sous vous et vous prenez conscience de la feinte. Vous décidez de ruser et plonger dans un nuage pour ressortir dans son dos. Vous le surveillez avec beaucoup de vigilance mais vous oubliez une des grandes règles du combat aérien : c'est l'avion que vous n'avez pas vu qui vous abattra. Ainsi une volée de plombs vient se loger dans votre aile gauche. Pris d'un réflexe violent, vous glissez sur la droite et faites face… à six Messerchmit 109 ! Mais la chance vous sourit et ils engagent un combat tournoyant. Dans ce genre de bataille ce n'est pas le plus rapide ni le plus puissant mais le plus maniable qui est avantagé, car le but est de tourner, tourner, tourner jusqu'à avoir un ennemi dans le viseur. De plus leur nombre est un avantage (il y aura toujours l'un d'entre eux qui vous aura dans sa ligne de mire) et un inconvénient (plus il sont nombreux plus il y a risque de collision).

Finalement cinq d'entre eux prennent la fuite et laissent à leur commandant de quoi s'amuser : une passe frontale. Le but du face à face est simple, tuer l'autre. Mais c'est sa réalisation qui le rend si unique, car cette manœuvre est suicidaire. Le principe est d'une simplicité enfantine : vous foncez l'un contre l'autre à plus de mille kilomètres/heure en vous tirant dessus, le premier qui infléchit sa route est mort, si les deux ne bougent pas, ils sont morts. Mais le chef ennemi est pris d'une soudaine panique face à votre détermination et pousse sur son manche, vous continuez votre route en lui brisant l'empennage. Votre adversaire part en vrille plate et vous cherchez une autre proie. C'est près d'un stratus que vous découvrez un zéro(1). Vous foncez sur lui mais plus de munitions(2) ! Il ne vous reste plus qu'une solution : plonger et frapper aile contre aile. La qualité anglaise étant supérieur à la nippone, votre cible va avoir du mal à voler. Vous pouvez maintenant rentrer vous couvrir de gloire(3). Mais en chemin vous rencontrez un He111(4), que faire sans balle pour abattre cette engeance ? Tout simplement en se plaçant derrière lui et en défonçant son empennage avec votre hélice.

Dernière chose, pendant la guerre du Pacifique, les pilotes américains avaient mis au point une technique pour mettre hors service les kamikazes : ils se plaçaient au-dessus de lui en retrait puis tiraient devant l'appareil à détruire. Les impacts soulèvent alors l'eau de l'océan formant un mur infranchissable pour les Mitsubishi.
Bonne chance avec vos supérieurs et maintenant, si vous ne mourrez pas, vous pourrez continuer votre carrière et, pourquoi pas, devenir général ?


  1. (1) Ne me demandez pas ce qu'il fait là mais il y est
  2. (2) Heureusement car engager un combat tournoyant avec un zéro c'est le moyen le plus sûr de mourir, le zéro étant très maniable.
  3. (3) Ou être mis en prison puis passé en cours martiale pour désobéissance.
  4. (4) un bombardier allemand