« Mais quelle tête de pioche ! » « Il n'y a pas plus têtu. » « Sacrée forte tête ! »
« C'est à se taper la tête contre les murs»

Petit pic-vert est tout content. Ses parents ne tarissent pas d'éloges à son égard : leur rejeton fait honneur à la lignée des Picidés. Il éclate d'un rire hystérique et communicatif avant s'en aller à tire-d'aile tambouriner sa joie sur un arbre creux.

Bien qu'il toc-toque du lever au coucher du soleil, le pic-vert conserve toute sa tête. Étonnant, n'est-ce pas ?
Appel de congénères, déclaration d'amour, recherche d'insectes ou de vers xylophages, aménagement du nid, tout est pourtant prétexte à taper du bec. Le crâne du pic-vert est ainsi secoué brutalement plus de douze mille fois au cours de la journée. L'oiseau frappe du bec à plus de 25km/h, à la cadence de quinze à vingt coups par seconde. Les chercheurs ont calculé qu'au moment de l'impact, le cerveau du pic est soumis à une décélération de 1000 g(1).

Comment cet oiseau survit-il à un tel traitement ? Et surtout, comment fait-il pour ne pas devenir gaga au bout d'une demi-journée ?
Premièrement, le cerveau du pic-vert est tout petit, et il baigne dans une bonne quantité de liquide cérébral. Ce dernier le protège des secousses en absorbant une grande partie de l'onde de choc.
Deuxièmement, un coussinet de cartilage situé à la base de la langue permet d'amortir le recul des éléments osseux.
Troisièmement, le bec du pic-vert est un outil formidable : sa structure spongieuse atténue les effets du choc, tout en garantissant une solidité à toute épreuve à l'os de la mandibule.
En outre, on a remarqué que le pic-vert ne tape pas son bec frontalement contre le bois. La moitié inférieure du bec est la plus exposée lors du choc et se déforme pour résister à la forte pression.

Déformations du crâne du pic vert

Les vibrations sont ainsi transmises vers le bas et l'arrière de la mâchoire, protégeant la partie supérieure où est logée le cerveau.

Cependant, sait-on vraiment si le pic-vert ne souffre pas de migraines en fin de journée ?
Deux ornithologistes de l'Université de Californie se sont penchés sur cette assommante question et ont démontré que le pic-vert ne souffrait pas de maux de tête. Leur recherche a été récompensée par un Ig-Nobel.

Par contre, si un humain se tape la tête contre un mur (ou un tronc d'arbre, s'il a l'âme bucolique), c'est son front qui entre le premier en contact avec la surface dure, et le cerveau juste derrière en subira directement les conséquences : perte de neurones, hémorragie, décollement de la rétine, etc. Peuvent s'en suivre des migraines, une perte de connaissance, un accident vasculaire cérébral, et dans les pires cas, un décès. Alors, à la prochaine prise de bec, surtout…
Évitez d'agir sur un coup de tête !


  1. (1) À titre de comparaison, le corps humain ne résiste pas à une exposition unique à une force de plus de 100g.