Aujourd'hui, petit cours d'histoire sur un événement un peu oublié de la Seconde Guerre mondiale : le débarquement de Dieppe.

1942, l'Allemagne du IIIe Reich est à son apogée et domine l'Europe : France, Norvège, Danemark, Pologne, Europe des Balkans, Grèce, pays baltes, Ukraine, Roumanie, Finlande, et une longue bande de Russie allant de Léningrad à la Volga en passant par les faubourgs de Moscou sont sous son contrôle direct ou sous celui de ses alliés.

L'essentiel des combats en Europe est supporté par l'Union Soviétique seule. Elle ne contient la poussée allemande vers le pétrole du Caucase qu'au prix de pertes matérielles et humaines gigantesques(1). Staline presse les Occidentaux à ouvrir un second front à l'ouest pour obliger l'Allemagne à redéployer ses troupes, et à faire diminuer la pression à l'Est.

Roosevelt laisse entendre à Molotov, Ministre des Affaires Etrangères de Staline, qu'un débarquement pourrait avoir lieu sur les côtes françaises au cours de l'année. Churchill, partisan d'un débarquement en Afrique du Nord puis dans les Balkans, ventre mou du Reich, voit d'un mauvais œil cette proposition. Il acceptera néanmoins une opération d'envergure limitée, à la fois pour tester les défenses allemandes, et pour donner le change à Staline. Cette opération sera l'opération Rutter, puis sera rebaptisée opération Jubilee après son report.

L'opération Rutter avait des objectifs assez simple : débarquer à l'aube, détruire des positions d'artillerie, une station radar, un aérodrome, des installations portuaires et des dépôts de pétrole, puis ré-embarquer avec un maximum de prisonniers allemands. Le commandement est confié à Lord Mountbatten, chef du quartier général des opérations combinées.

Les États-Unis n'étant pas encore « prêt »(2), les Britanniques étant fortement sollicités depuis le début de la guerre, il est décidé d'utiliser des troupes canadiennes, jusque-là sevrées de combat. La 2e division canadienne, composée d'environ 5 000 soldats, constituera le gros de la force. Un peu plus d'un millier de Britanniques, un groupe de rangers américains, quelques Français et quelques Polonais complètent la force.

Le dernier débarquement de ce type et de cette envergure ayant eu lieu aux Dardanelles en 1917, il est décidé de faire subir aux troupes un entraînement intensif sur l'île de Wright, près des côtes britanniques. Le premier exercice « Yukon » se solde par une confusion totale, un échec complet, et un report de la date prévue de l'opération du 21 juin à juillet. « Yukon II » s'avèrera être un succès très relatif, de nombreux problèmes apparaissant un peu partout. Le 3 juillet, plus de deux cents bateaux prennent la mer pour « Klondike I ». Dans l'après-midi, les colonels informent leurs hommes que ce n'est pas un exercice.

Finalement, les côtes dieppoises n'apparaîtront pas, l'opération est annulée à cause des très mauvaises conditions atmosphériques gênant le débarquement et empêchant toute couverture aérienne et utilisation de planeurs et de parachutistes. Le général Montgomery et l'état-major britannique souhaitent une annulation définitive puisque, comme les hommes sont retournés à terre, le secret de l'opération ne peut plus être assuré. Moutbatten ne l'entendra pas de cette oreille et de sa propre autorité(3) lancera l'opération Jubilee, prévue pour le 19 août.

Le contexte est posé. Dans mon prochain omnilogisme, nous verrons le déroulement du débarquement, et le bilan final. Vous vous doutez cependant, vu comment la postérité se souvient de cet événement, que ce n'est pas très glorieux.

Debarquement de Dieppe


  1. (1) Plus de 2,5 millions de pertes soviétiques rien que pour l'année 1942.
  2. (2) Pearl Harbor, et donc l'entrée officielle en guerre vient d'avoir lieu.
  3. (3) Sa décision sera d'autant plus facile à imposer que Montgomery est en Afrique du Nord.

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