Depuis que Freud(1) – oui, celui qui parle du complexe d'Œdipe – est passé par là, nous assistons à un véritable boom des psychanalystes, psychologues, psychothérapeutes et autres psycho-quelque-chose.
Alors dans cette accumulation de profession, sauriez-vous dire qui est qui ?

  • Commençons avec le psychiatre. Docteur en médecine, il s'est spécialisé après six ans de longues et douloureuses études(2). Il est apte, après ses cinq ans de spécialisation, à suivre des malades psychiatriques et à prescrire des médicaments comme tout médecin. On le retrouve plutôt dans le domaine des maladies lourdes, comme la schizophrénie ou la maniaco-dépression, mais vous le croiserez peut-être dans les hôpitaux psychiatriques et les prisons, où il a également un rôle d'écoute.
    Socialement, le psychiatre a un avantage indéniable : étant médecin, ses consultations sont remboursées par la Sécurité sociale, ce qui permet à tous d'être suivi sans se soucier du coût de la prise en charge.

  • Le psychologue n'a pas de formation aussi longue que celle de son homologue médecin, mais il a quand même fait cinq ans d'études en psychologie (certains vont même jusqu'à huit !). Ce sont ceux que l'on rencontre le plus souvent, car il existe plusieurs spécialités(3) qui « répondent » à des besoins plus ciblés. Les rendez-vous se font en face à face, comme pour le psychiatre, même si l'on distingue différents types d'entretiens(4) :

    • L'entretien directif : là, pas le choix, le psychologue vous pose des questions ouvertes (impossible d'éluder d'un simple « oui » ou « non » !) auxquelles vous répondez. Ici, c'est plutôt sur les épaules du praticien que repose l'entretien.
    • L'entretien semi-directif : vous êtes un peu plus libre. Cette fois, vous décidez avec le psy de quels sujets vous allez parler et il vous écoute, posant des questions pour guider votre récit. C'est vous qui menez la discussion, mais le psychologue vous relancera s'il voit que vous n'abordez pas certains thèmes.
    • Enfin, l'entretien non directif est celui où l'on décide d'un « thème », qui peut être aussi bien votre famille que votre anatidæphobie. Cette fois, vous choisissez le sujet qui vous tient à cœur et le psy vous laisse parler en tentant de comprendre pourquoi vous réagissez ainsi devant une telle situation. Bref, il fait preuve d'empathie.
  • Nous en arrivons au psychanalyste. C'est un cas particulier, ni médecin, ni étudiant. Mais qu'est-il alors ‽ Eh bien… on devient psychanalyste avec, comme unique condition, d'avoir suivi une psychanalyse qui a réussi. Du coup, si ça vous tente, il faut passer devant une commission chargée de savoir si vous avez réussi à comprendre les réels motifs de votre comportement, et donc à écouter les gens. En effet, en psychanalyse, le praticien se place derrière vous pour ne pas interférer avec vos propos(5) et les interpréter sans être « parasité ». Autant dire que si vous cherchez le dialogue, il vaut mieux abandonner le psychanalyste !
  • Dernière profession, le psychothérapeute. Là, c'est encore un cran « en-dessous » du psychanalyste, car tout le monde peut s'installer avec une plaque annonçant « psychothérapeute », le nom n'étant pas déposé et aucune étude ne permettant son obtention. Mais la loi – du moins en France – devrait prochainement changer afin de réglementer l'apparition du « psychothérapeute », qui, pour l'instant, représente des réalités assez diverses : on passe aussi bien du psychiatre ayant tiré des leçons d'authentiques psychologues au caissier du supermarché du coin qui s'y connaît autant dans le domaine que moi en biologie moléculaire (comprendre : pas du tout) ! Bref, pour le moment, mis à part conseiller la prudence et se renseigner sur les capacités de votre psychothérapeute, rien de plus à ajouter.

Après ce petit tour d'horizon des quelques déclinaisons du psykhế (l'esprit ou l'âme, selon les traductions) n'ayez plus le mauvais goût d'« insulter » un étudiant en le traitant de « psychothérapeute » !


  1. (1) Enfin lui, c'est plutôt la partie psychanalyse, pour la psychiatrie en elle-même, voyez plutôt Charcot et d'Esquirol.
  2. (2) Ne cherchez pas à rencontrer d'étudiants de médecine en première année : ils vivent reclus, ne voient plus la lumière du jour et ont même oublié le sens du mot « repos » !
  3. (3) Le psychologue clinicien, mais également le psychologue scolaire, celui qui sera spécialisé en neuropsychologie, la psychologie communautaire, etc.
  4. (4) Du moins, pour la psychologie dite clinique, l'une des plus courantes.
  5. (5) La méthode a été créée sous Freud et est reprise par les analystes de nos jours.