L'obsolescence programmée
Y a-t-il vraiment un complot qui fait que nos appareils « lâchent » plus tôt qu'ils ne le devraient ?
Fidèle lecteur omnilogiste, à la lecture de divers articles considérés comme provocateurs, parfois perplexe es-tu tenté de rester. Mais une idée surprenante au premier abord peut parfois laisser perplexe après examen plus approfondi.
Ainsi en est-il de l'obsolescence programmée, parfois aussi appelée désuétude planifiée.
La morale n'en sort pas forcément grandie… De quoi s'agit-il ? Simplement de faire en sorte de « programmer » une fin de vie à un produit plus précoce que la raison n'aurait permis de l'espérer, afin de doper les ventes…
Un produit qui ne s'use pas est une tragédie pour les affaires.
Certains, à l'instar de Bernard London, pensaient même qu'il fallait imposer une date limite d'utilisation à tous les biens de consommation, simple manière d'influer par la consommation sur le chômage selon lui. Si l'idée n'a pas été appliquée stricto sensu, certains industriels n'en sont toutefois guère loin.
L'exemple le plus célèbre est celui des ampoules électriques, d'autant qu'il a été « institutionnalisé ». Les premières ampoules produites tenaient en effet allègrement plusieurs milliers d'heures. Les industriels s'entendent alors et créent le 23 décembre 1924 le Cartel de Phœbus afin de décider que les lampes à incandescence ne pouvaient avoir une durée de vie supérieure à 1 000 heures, avec pénalité prévue pour les éventuels récalcitrants. En 1927, le but est atteint pour toutes les ampoules.
Pour la petite histoire, une ampoule centenaire de la caserne des pompiers de Livermore serait restée allumée pratiquement en continu depuis 1901, et a donc brillé près d'un million d'heures(1). Après 1939, le Cartel de Phœbus changea plusieurs fois de nom et de forme.
D'autres exemples peuvent être évoqués : les collants féminins créés par DuPont ont été rendus moins résistants par modification des apprêts, les premiers se révélant trop inusables.
On peut aussi parler des batteries \(NiCd\) d'un baladeur d'un très célèbre fabricant américain tant apprécié des jeunes – et moins jeunes parfois –, prévues pour rendre l'âme après plus d'une année d'utilisation, incitant l'utilisateur à choisir un nouveau modèle dans la gamme sans cesse renouvelée, des imprimantes programmées pour fonctionner sur un nombre de copies déterminé, ou pire avec les cartouches d'encre délivrant un message de capacité nulle ne correspondant pas avec le contenu réel. Il n'y a d'ailleurs qu'à voir le prix d'une imprimante neuve, souvent moins onéreux que ses recharges de diverses couleurs !
Bref, pour résumer en reprenant ces divers exemples, on peut déterminer plusieurs types d'obsolescence programmée :
- le défaut fonctionnel : le prix de la pièce détachée est supérieur à celui d'un produit neuf ;
- la péremption artificielle : on indique sur le produit une date limite d'utilisation que rien ou pas grand-chose ne justifie, et que le client effrayé n'ose pas dépasser ;
- obsolescence indirecte : on ne produit plus les recharges ou pièces de rechange nécessaires au fonctionnement du produit, comme une cartouche d'encre, un chargeur, un moteur de voiture…
- la notification au consommateur d'un message ne correspondant pas à la réalité des faits ;
- l'incompatibilité : le nouveau modèle n'est pas compatible avec le précédent(2).